Je voudrais commencer notre réflexion par cette question : Quelle est la valeur du Mercredi des Cendres pour les missionnaires ? Connaître la valeur du Mercredi des Cendres est une occasion idéale pour les missionnaires d’agir en conséquence, de travailler de manière juste et positive pour eux-mêmes et pour les autres. Dans la tradition de l’Église catholique, le mercredi des cendres marque le début du Carême : “le chemin de sainteté qui nous conduit au Christ pascal”. C’est un chemin que doivent parcourir tous les missionnaires. Puisque la destination finale de tous les missionnaires est d’atteindre le Christ pascal, évangélisateur des pauvres. Dans cette perspective, la première valeur de cette journée est d’amener les missionnaires à célébrer la Sainte Pâque. C’est-à-dire à célébrer le passage “de ce monde qui passe au monde du Père qui ne passe pas” (Saint Augustin). A travers ce jour également, l’Eglise, en tant que Mère des missionnaires, se souvient que “nous sommes petits, fragiles, et que nous ne pouvons pas être orgueilleux, ni avoir de la haine ou de l’égoïsme”, puisque “nous sommes poussière et nous retournerons à la poussière” (Gn 3,19f.). Dans ce cas, retourner à la poussière exprime la précarité et la fugacité de l’être humain. Il exprime également sa situation de pécheur. Il est “l’homme-poussière”, c’est-à-dire “l’homme qui s’est détourné de Dieu, qui s’oppose à Dieu, qui tourne le dos à son propre être et se condamne au néant”. Mais il faut reconnaître que la valeur de cette journée n’est pas seulement de rappeler aux missionnaires leur condition d’”homme-poussière”, mais aussi de leur dire que tout n’est pas perdu. Il y a la possibilité de retourner à Dieu. Ils ont un rendez-vous. Le rendez-vous avec la prière, avec l’amour fraternel et avec le jeûne.
Convoqué à l’éternité, saint Vincent a non seulement répondu favorablement au rendez-vous de Dieu, mais il a aussi invité ses missionnaires à faire de leur vie un rendez-vous. Un rendez-vous avec la prière, avec l’amour fraternel et avec le jeûne. Pour saint Vincent, la prière était tout. Avec elle, tout était possible : “la fatigue sera douce et tout travail sera facile, le fort soulagera le faible, et le faible aimera le fort et obtiendra de Dieu une plus grande force ; et ainsi, Seigneur, votre œuvre sera faite à votre gré et pour l’édification de l’Église, et les ouvriers se multiplieront, attirés par l’odeur de tant de charité” (III, 234). Et plus tard, il dira à ses missionnaires : “grâce à la prière, tout nous parvient” (XI, 285). Saint Vincent était partisan de l’idée que tout doit venir de notre prière. Même l’amour fraternel, qui consiste à servir notre frère avec respect, cordialité, douceur et dévouement, parce qu’il représente pour nous la personne de notre Seigneur (cf. IX, 916). En parlant du jeûne, saint Vincent se référait à la mortification comme à un moyen : ” d’équilibre évangélique, de vie fraternelle et surtout d’évangélisation et de service des pauvres “. Il n’hésite pas à rappeler que la mortification est d’abord une exigence de la charité. C’est le partage, c’est la communion avec la souffrance des pauvres. Pour un missionnaire, vivre dans la liberté signifie : mortifier ses passions, car il est propre à la mortification de donner le repos à l’âme (cf. IX, 877).
Le mercredi des cendres a une autre valeur, car il montre aux missionnaires ce que Dieu attend d’eux : la conversion, le changement de vie, un nouveau départ ! Car, en tant que missionnaires, nous avons parfois commis des erreurs. Nous avons perdu le chemin de la vie et du Royaume. Nous avons même compromis d’autres personnes dans nos péchés. Pour cette raison, ce jour nous permet de nous tenir à nouveau à la porte. Revenir à Dieu, revenir à être le missionnaire que saint Vincent attend de nous : entièrement consacrés au salut des gens de la campagne, pour le bien corporel et spirituel des pauvres (cf. I, 122-123). Des missionnaires qui s’en remettent de tout cœur à Dieu pour travailler et assister les pauvres des campagnes qui nous attendent (cf. XI, 316-317) ; des disciples du Christ, missionnaires du Père et évangélisateurs des pauvres, qui cherchent à se consacrer avec affection au service des humbles, qui sont les préférés de Dieu (cf. XI, 273). En vérité, en ce jour, Dieu attend que nous nous penchions sur cette poussière que nous sommes, pour lui donner le souffle de la vie. Ainsi notre “néant” est touché par la plénitude divine. Et de notre néant jaillit une étincelle de vie. Le rendez-vous avec le mercredi des Cendres est donc fondamentalement le rendez-vous avec la vie.
En effet, étant le rendez-vous avec la vie, le mercredi des cendres devient pour les missionnaires une nouvelle occasion de réfléchir à l’exhortation de saint Paul aux Galates : “Ne nous lassons pas de faire le bien, car si nous ne nous décourageons pas, nous en récolterons les fruits en temps voulu. Ainsi, pendant que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous” (Ga 6, 9-10a). Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes de bien. De missionnaires plus généreux qui prennent ce jour comme “un temps pour semer le bien en vue de la récolte”. Or, saint Paul affirme : “A un pauvre semeur, une pauvre moisson ; à un généreux semeur, une abondante moisson” (2 Co 9, 6). Semer la graine du bien dans l’humanité. Toutefois, cette invitation à semer le bien “ne doit pas être considérée comme un fardeau, mais comme une grâce avec laquelle le Créateur veut que nous soyons activement unis à sa magnanimité féconde” (Pape François, 2022). (Pape François, 2022). Que les missionnaires se fassent sentir davantage là où ils sont. Sans oublier que “en Dieu, aucun acte d’amour n’est perdu, aucun acte d’amour, si petit soit-il, aucune fatigue généreuse n’est perdue.” (Evangelii Gaudium, 279).
Enfin, cette journée est une autre occasion idéale pour les missionnaires de porter “le parfum du Christ dans le monde” (2 Co 2, 15). (2 Co 2, 15). Puissent-ils être porteurs de l’odeur du Christ dans le monde. Aujourd’hui, notre monde a besoin de percevoir en nous, missionnaires, le parfum du Christ qui ravit l’odorat. Une belle tâche pour ce jour : “être le parfum du Christ”. Missionnaires, ne nous lassons pas d’”être parfum du Christ” insiste le Pape François (2022) : “Face à l’amère désillusion de tant de rêves brisés, face à l’inquiétude des défis qui nous concernent, face au découragement de la pauvreté de nos moyens, nous sommes tentés de nous replier sur notre égoïsme individualiste et de nous réfugier dans l’indifférence à la souffrance des autres.” Mais pour être le parfum du Christ, nous devons “prier toujours sans perdre courage” (Lc 18,1) et revenir à la source du charisme qui nous a séduits et que nous nous sommes laissés séduire.
Jean Rolex, CM
Source : https://cmglobal.org/
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