Devenir eucharistie pendant le confinement

par | Avr 6, 2020 | Formation, La Spiritualité et la pratique spirituelle | 0 commentaires

« Dieu Notre Père, nous nous tournons vers Vous en ce moment de besoin, demandant Votre protection contre le coronavirus qui a tué des victimes et frappé nombre de personnes. En ce moment éprouvant, accordez-nous, ô Dieu, la grâce de travailler pour le bien de tous et d’aider ceux qui se trouvent dans le besoin. Nous vous supplions d’arrêter la propagation de ce virus et de nous sauver de nos peurs. » (Source : Oratio Imperata, Manille, Agence Fides).

Pendant notre formation au séminaire, nous ne pouvions recevoir d’appels téléphoniques de chez nous qu’une fois par semaine. Cette pratique s’est poursuivie pendant environ huit ans jusqu’à ce que nous devenions étudiants en théologie. Bien que j’aie murmuré au début que cette pratique limitait ma relation avec ma famille, je me suis progressivement adapté à la pratique… En réalité, il n’y avait pas d’autre choix. Mais plus tard, j’ai compris que les formateurs avaient introduit cette pratique afin de nous apprendre lentement le détachement vis-à-vis de notre famille pour nous rattacher à la famille élargie du Christ. J’ai continué à converser avec mes parents une fois par semaine, même après l’ordination. Mais aujourd’hui, je m’assure que je donne suffisamment de temps à mes parents pour qu’ils puissent discuter avec moi comme ils le souhaitent. J’ai parlé à ma mère peu de temps après que le gouvernement indien a déclaré le blocage total de la nation, qui incluait l’annulation de toutes les activités religieuses, même la célébration publique de l’eucharistie. Même si notre conversation a progressé de la façon habituelle, j’ai remarqué une certaine hésitation dans la voix de ma mère. Alors, je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Elle m’a alors dit qu’elle était vraiment bouleversée par l’annulation de la messe publique à l’église paroissiale. J’ai essayé de la réconforter et de la soulager en lui parlant de la possibilité de participer à l’eucharistie sur le net ou à la télévision, comme l’a demandé l’Église. Mais elle m’a dit que rien ne peut remplacer la beauté de la participation à l’eucharistie dans une église. Elle a dit qu’elle était bouleversée parce que l’eucharistie était devenue partie intégrante de sa vie et que cela lui manquerait de pouvoir participer à cette célébration.

C’est alors que j’ai commencé à réfléchir au sérieux de la question. J’ai commencé à réaliser qu’il y avait des milliers de gens qui ressentaient la même chose que ma mère. J’ai donc décidé de trouver un moyen de soulager ces sentiments profonds causés par l’annulation de la célébration publique de l’eucharistie. La seule façon d’apaiser ces sentiments est de devenir eucharistie… Alors, comment pouvons-nous devenir eucharistie ? Avec cette question à l’esprit, j’ai commencé à relire le récit néotestamentaire de l’institution par Jésus de la Sainte Eucharistie. Jésus institua la Sainte Eucharistie lors d’un dernier repas. En relisant les récits du dernier repas, j’ai trouvé trois formes d’eucharistie qui nous aideront à devenir eucharistie en période de confinement.

  1. L’eucharistie de communion : Jésus et ses apôtres se sont rassemblés dans la chambre haute pour partager un repas. Tous les Apôtres étaient présents pour le repas comme il était convenu à la demande de Jésus. C’était en effet un rassemblement d’amour et de communion. Ils savaient que quelque chose d’important allait arriver. Nous sommes tous en confinement aujourd’hui à cause du virus mortel. En cette période de confinement, nous sommes obligés d’être avec nos familles/notre communauté. En fait, cette période de confinement devrait devenir une période de communion amoureuse. Quel que soit l’endroit où nous devons passer du temps créatif avec nos familles/communautés, c’est aussi là que nous pouvons partager l’eucharistie de communion.
  2. L’eucharistie du service : Une fois les disciples autour de la table, Jésus se leva et commença à leur laver les pieds. Il leur dit : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous », (Jn 13, 15). Un acte de service parfait. En cette période de confinement, cela nous rappelle que nous devons être des servantes et des serviteurs. Nous pouvons nous engager dans le service en nous engageant dans une solidarité plus profonde avec les personnes qui souffrent, en priant pour les malades et les infirmes et en menant des actes de charité d’une manière qui ne viole pas les mesures de barrière anti-COVID-19, etc. En devenant des personnes de service, nous devenons de fait eucharistie du service.
  3. L’eucharistie du partage : après la prière, Jésus a rompu le pain et l’a donné à ses Apôtres en disant : « Prenez et mangez-en tous, c’est mon corps… Prenez et buvez, c’est mon sang… Vous ferez cela en mémoire de moi. » C’était un acte de partage, de partage de sa propre vie pour le bien de l’humanité. Pendant ce confinement, ces gestes nous rappellent l’urgence de partager. Premièrement, nous devons partager nos prières ; deuxièmement, nous devons partager notre temps et nos ressources avec ceux qui sont dans le besoin… Il y a beaucoup de gens qui vivent dans la rue et qui n’ont rien à manger. Nous devons être créatifs dans la recherche de nouvelles façons de partager, car ce n’est que de cette manière que nous pouvons participer à l’eucharistie du partage.

Toutes ces choses, c’est-à-dire l’eucharistie de communion, l’eucharistie du service et l’eucharistie du partage doivent être accomplies avec amour. De cette façon, les gens découvriront que l’eucharistie ne se célèbre pas seulement rituellement dans les églises mais peut aussi être célébrée en amour dans la vie de chacun. Je me réjouis d’avoir partagé avec toute la famille vincentienne le fait que notre communauté universitaire d’Adamson, à Manille, progresse dans la pratique de toutes ces formes d’eucharistie : la communion, le service et le partage. Nous continuons à nourrir environ deux cent habitants de la rue chaque jour et espérons “contaminer” d’autres personnes avec la charité vincentienne. Comme les vendeurs nous rappellent au monde que les masques ne couvrent que des visages, ces masques ne devraient jamais couvrir le cœur des gens. Devenons alors eucharistie et continuons à célébrer la sainte eucharistie avec nos vies. Que Dieu guérisse le monde entier avec son amour, ses soins et sa compassion.

Fr. Libin P. Varghese, CM
Université d’Adamson
Manille, Philippines
Traduit de l’anglais par
P. Jérôme DELSINNE cm
Source: https://cmglobal.org/

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