Françoise PETIT: « Vers quel avenir ? »
« Il arrivera dans l’avenir que la montagne de la Maison du Seigneur sera établie au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et diront : Venez, montons à la montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous marcherons sur ses routes. Oui, c’est de Sion que vient l’instruction et de Jérusalem la parole du Seigneur. Il sera juge entre les nations, l’arbitre de peuples nombreux. Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances ils feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. Venez, maison de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur» (Is 2, 2-5).
Pouvons-nous imaginer une meilleure anticipation pour l’avenir de Jérusalem? En tant que famille vincentienne, quelle est notre place dans cet avenir à faire naître ?
Dans la Bible, il est souvent question d’avenir – le monde à venir, le siècle à venir, le Salut à venir, la vie éternelle… Et, lorsqu’il s’agit d’avenir, ce n’est pas demain. L’avenir commence maintenant et il nous interroge.
Pierre Ganne, un Jésuite, écrit ceci : « L’avenir dépend de la décision d’aimer, avec tout ce qu’elle implique et tout ce qu’elle exige » (Le pauvre et le prophète, Pierre Ganne, page 32).
Saint Vincent a pris cette décision d’aimer et de servir. A sa suite, et ensemble, prenons cette décision : « Marchons à la lumière du Seigneur » (Is 2,5), car l’avenir dépend de notre réponse d’aujourd’hui.
Nous sommes envoyés comme disciples-missionnaires, à la rencontre de ceux et celles qui sont confrontés aux fragilités du corps, de l’esprit, de l’âme. Ces souffrances nous bouleversent au plus profond de nos entrailles et, partout dans le monde, des Associations, des équipes, des Communautés, des groupes se mobilisent pour apporter soins, proximité attentive et fraternelle, accompagnement vers la reconstruction et l’autonomie, soutien matériel, psychologique et spirituel… « Tout homme et tout l’homme » (Paul VI).
« J’ai eu faim… j’ai eu soif… j’étais un étranger… j’étais nu… j’étais malade… j’étais prisonnier… »
Voyons trois points d’ancrage dans notre manière de servir aujourd’hui, en tant que membre de la famille vincentienne, avant de voir en conclusion quelques invitations simples, comme participation, à notre mesure et avec d’autres, à la construction d’un avenir plus humain où « Il ne se fera ni mal, ni destruction sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme la mer que comblent les eaux » (Is 11,9).
• Une conviction fondamentale : les pauvres sont au cœur de nos vies
• Un appel : surmonter les barrières
• Une attitude évangélique : l’accueil réciproque.
1. Une conviction fondamentale : les pauvres sont au cœur de nos vies
Permettez-moi, en tant que Fille de la Charité, de commencer avec une phrase de nos Constitutions, notre Livre de vie : « Les Sœurs contemplent et rejoignent le Christ dans le cœur et la vie des pauvres… Dans un regard de foi, elles voient le Christ dans les pauvres et les pauvres dans le Christ » (C 10).
Le pauvre est le cœur de notre vie. Le cœur compris, non pas seulement comme un sentiment, mais comme notre centre vital, lieu de la raison, de nos désirs, de notre action, de la foi. De fait, les pauvres habitent le quotidien de notre vie missionnaire, de notre vie fraternelle, de notre prière. Toute notre vie s’organise en fonction du service.
La rencontre avec chaque personne blessée est le lieu de notre rencontre avec le Christ. Elle nous ouvre, nous transforme, nous évangélise, car il s’agit d’une véritable expérience spirituelle enracinée dans le partage de vie avec les plus fragiles.
Il s’agit bien d’une histoire de rencontres : rencontre entre Dieu et nous, entre nous et les pauvres, entre nous tous. N’est-ce pas une façon d’entrer dans l’échange trinitaire, mystère d’amour par excellence ? Amour incarné ?
Notre Pape François insiste et redit dans son message à l’occasion de la première journée mondiale des Pauvres : « La pauvreté a le visage de femmes, d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts, piétinés par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent ».
A l’inverse de ces logiques, Jésus, par le lavement des pieds, nous indique un autre chemin : il s’agit de prendre soin de toute la personne, par des gestes de base, des gestes de tendresse, des gestes de soins… Les membres de la famille vincentienne, quelle que soit la branche, savent que tous ces gestes de proximité, de solidarité et de fraternité, éclairent l’humanité et participent à sa guérison.
Personnellement, nous n’avons que nos fragilités à offrir. Ensemble, et grâce à nos différences, ce sont toutes nos compétences, nos énergies, nos générosités, que nous mettons au service de nos frères et sœurs : dans les hôpitaux, les dispensaires, les services sociaux, les associations… mais aussi dans les lieux d’écoute, de présence et d’accompagnement comme dans les visites à domicile.
Quel est le plus grand besoin ? Ecoutons ce cri : (prière d’une femme en situation de pauvreté).
« Je suis seule, je suis triste souvent. Je prie. Personne ne me parle, personne ne me regarde, personne à qui parler. Réveillez-vous, ne me laissez pas seule, ne m’abandonnez-pas ! » (Partager la Parole de Dieu avec les pauvres – Gwennola Rimbaut, page 121)
Notre Pape François nous réveille et nous interpelle : « Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois par semaine.… ces expériences, même bonnes,… devraient nous introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie. »
« Un partage qui devient style de vie »… Selon notre vocation propre, comment pouvons-nous vivre avec davantage de cohérence cette conviction, que les pauvres sont au cœur de nos vies ? N’est-ce pas, entre autre, l’exigence d’un changement de style de vie auquel nous sommes appelés ? Un changement de style de vie fondé sur le principe du bien commun qui exige partage, simplicité, responsabilité.
Nous sommes appelés à changer de comportement, notamment dans nos modes de consommation, à mieux vivre ensemble, à lutter pour la paix et la justice, et à être toujours plus proches des plus fragiles, pour qu’ils soient réellement au cœur de nos vies et de notre foi. Tout se tient.
Que pensez-vous Monsieur Vincent ? « De l’amour affectif, il faut passer à l’amour effectif, qui est l’exercice des œuvres de charité, le service des Pauvres, entrepris avec joie, courage, constance et amour » (9 février 1653).
2. Un appel : surmonter les barrières
Reprenons à nouveau le message pour la journée mondiale des pauvres : « Bénies les mains qui s’ouvrent pour accueillir les pauvres et pour les secourir : ce sont des mains qui apportent l’espérance. Bénies, les mains qui surmontent toutes les barrières de culture, de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité. Bénies les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans « si », sans « mais », et sans « peut-être » : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu » (Pape François).
Le Pape François nous donne cette feuille de route pour nous inviter à poursuivre ce que nous voulons tous mettre en place pour nos frères et sœurs les migrants, qui arrivent chaque jour sur des terres qui leur sont inconnues. Ouvrir, accueillir, secourir, surmonter les barrières de toutes sortes,… accueil inconditionnel… Est-ce si facile ? Cela va-t-il de soi ?
L’appel à « surmonter les barrières » de cultures, de langues, de religions, de nationalités fait certainement écho en chacun de nous. Nous connaissons bien tous les obstacles, qui existent en nous, entre nous et vis-à-vis de l’autre différent.
En nous, ce sont des peurs, notamment celle d’être trop dérangés, peur de nos propres limites, peur d’être envahis par les souffrances de l’autre. L’accueil de l’étranger peut provoquer des sentiments mêlés, de joie, d’angoisse, de méfiance. Jusqu’où aller dans l’accueil ? « Faites comme chez vous ! » Certainement, avons-nous fait cette invitation, mais de quoi avons-nous peur ? Brisons ces barrières !
Entre nous, entre branches de la famille vincentienne : nous avons tant de points communs mais aussi tant de diversités. Comment les acceptons-nous ? Comment en faisons-nous des richesses extraordinaires et complémentaires pour le bien commun, pour les plus pauvres ? Identifions d’éventuels obstacles et brisons ces barrières !
Vis-à-vis de l’autre différent : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». L’autre différent peut déranger profondément. Il vient d’ailleurs, est inconnu, a d’autres repères, d’autres habitudes de vie, d’autres façons de vivre les relations… des attentes, beaucoup d’attentes. L’accueil est un chemin à faire ensemble, l’autre et moi, l’autre et nous, nous ensemble. Allons, brisons les barrières !
Nous sommes tous des étrangers les uns pour les autres et il n’y aura de rencontre, et donc d’accueil vrai, que si cette réalité est reconnue et acceptée. Aimer l’autre dans sa différence est la seule possibilité d’aimer en vérité et dans la durée. C’est notre valeur commune, c’est notre foi, c’est l’Evangile en acte.
« Un monde neuf surgit chaque fois que nous nous risquons à devenir terre d’asile pour les plus fragiles » (Véronique Margron – La Parole tout près de ton cœur, page 38).
Demandons au Seigneur de nous aider à surmonter toutes les barrières avec cette prière du Pape François à Lesbos en 2016 :
« À nous, Nations, communauté et individus,
donne-nous de voir que ceux qui arrivent sur nos côtes
sont nos frères et nos sœurs.
Puissions-nous partager avec eux les bienfaits
que nous avons reçus de ta main,
et reconnaître qu’ensemble, en une seule famille humaine,
nous sommes tous migrants, voyageurs espérant parvenir jusqu’à toi,
notre véritable demeure,
là où toute larme sera effacée,
et où nous serons en paix et en sécurité entre tes bras ».
Que pensez-vous monsieur Vincent ? « Etre chrétien et voir son frère affligé, sans pleurer avec lui, sans être malade avec lui ! C’est être chrétien en peinture, c’est n’avoir point d’humanité » (30 mai 1659).
3. Une attitude évangélique : l’accueil réciproque
Dieu s’est fait homme, notre frère. Il ne s’est pas penché sur nous. Il s’est installé avec nous, face à face, pour nous parler, nous écouter, nous entrainer vers nos frères et sœurs, nous amener vers son Père. Il nous a donné, tout donné et en même temps il n’a pas voulu être et faire sans nous : « Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24).
Et nous ? Nous désirons donner, nous donnons effectivement avec générosité mais que serions-nous sans nos frères et sœurs les pauvres ? Que nous apprennent-ils ?
Notre Pape François utilise l’expression chère à saint Vincent : « Ils pourront être nos maîtres, qui nous aident à vivre la foi de manière plus cohérente ».
En mai dernier, lors d’une journée pour le 50ème anniversaire de la création d’un diocèse en France, celui du Val d’Oise, les personnes « les plus fragiles » avaient été invitées à distribuer un exemplaire de l’Evangile de saint Luc et à participer à des célébrations.
Je vous propose de partager trois de leurs expressions :
« D’abord joie d’avoir été appelés à cette belle mission ! Quand tu m’as demandé de venir avec toi pour distribuer des Evangiles, j’ai dit tout de suite « oui » (…) J’ai accepté même si c’était tôt le matin ! Mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas un service qu’on nous demandait, c’était un cadeau qu’on nous a fait là ! On nous a choisis, nous les plus fragiles du Val d’Oise ! C’est nous qui amenions la Bonne Nouvelle aux gens biens ! »
« Moi j’ai bien aimé quand on a lu le passage où Jésus parlait dans l’église et disait que l’Esprit de Dieu était avec lui et qu’il venait porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Je me suis dit que nous aussi on a obtenu l’Esprit de Dieu quand on a eu le baptême et que nous aussi quand on arrive avec l’Evangile on apporte comme Jésus la Bonne Nouvelle aux pauvres. On est pauvres mais Jésus a besoin de nous pour apporter aussi l’Evangile aux pauvres ».
« Le prêtre a dit qu’il prierait pour moi et a demandé que je prie pour lui ! Vous vous rendez compte, il compte sur ma prière à moi. Du coup, je n’oublie pas, je suis obligé de la faire ma prière pour lui, car il compte sur moi ! »
Alors, qui donne et qui reçoit ?
Interrogeons-nous et entendons cet appel à vivre le cœur ouvert, et en vérité, l’appel à vivre un compagnonnage simple et humble où, ensemble, nous pourrons cheminer vers un nouvel avenir, car, ainsi nous parle le Seigneur :
« Voici que je vais faire arriver jusqu’à elle la paix comme un fleuve, et, comme un torrent débordant, la gloire des nations. Vous serez allaités, portés sur les hanches et cajolés sur les genoux. Il en ira comme d’un homme que sa mère réconforte : c’est moi qui, ainsi, vous réconforterai, oui, dans Jérusalem, vous serez réconfortés. Vous verrez, votre cœur sera enthousiasmé » (Is. 66, 12-14).
Oui vraiment Seigneur, « Nous sommes tous l’œuvre de tes mains” (Is 64,7), des frères et sœurs en Jésus Christ, qui se ressemblent dans leur soif d’être reconnus, d’être aimés.
Pour cette raison, nos différents engagements nous amènent à mettre avec enthousiasme toutes nos forces dans le don de nous-mêmes pour répondre aux cris des pauvres, mais cela exige de nous de privilégier la dimension du partage, de la participation et de l’accueil réciproque.
« Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager » (Monseigneur Bernard Housset – message final du rassemblement Diaconia 2013).
Donner et recevoir peut devenir une manière d’être, une manière de vivre en communion pour la « sauvegarde de la maison commune », afin qu’advienne le règne de Dieu, dès maintenant. C’est un signe de fraternité évangélique, qui met en évidence l’égale dignité des enfants de Dieu.
Que pensez-vous monsieur Vincent ? « Vous devez traiter les pauvres avec grande douceur et respect : avec douceur, pensant qu’ils vous doivent ouvrir le ciel ; car les pauvres ont cet avantage d’ouvrir le ciel » (25 novembre 1659).
Conclusion
Il me semble important de redire que, dans toutes nos branches, nous avons une sensibilité particulièrement forte quant à la dimension du soin, du prendre soin. Nous savons qu’il s’agit de considérer la personne dans toutes ses dimensions, sens de la vraie charité, telle qu’elle est comprise par l’Eglise et par notre famille.
Je vous lis un court extrait d’un article du Père Thomasset (Jésuite au Centre Sèvres de Paris), qui associe la notion de « prendre soin » à la dimension de la charité :
« Ce mot de « charité » est à comprendre à la fois comme le souci de subvenir aux besoins mais aussi comme la nécessité de manifester envers tous l’amour dont Dieu nous aime. La charité, c’est l’amour de Dieu en acte, l’expression de la foi en Celui qui, comme le bon Samaritain, est venu au secours de l’humanité blessée, a pris soin d’elle et l’a emmenée vers l’auberge de la réconciliation et du repos » (Christus n°234, avril 2012, page 194).
La charité est une dimension totalement liée à toutes nos actions, nos pensées, notre spiritualité, celle de saint Vincent. L’unique défi que j’oserais exprimer serait peut-être celui-ci : prendre le temps, dans nos différents lieux de rencontre, de réfléchir sur notre façon d’envisager et, surtout, de vivre la charité, celle reçue du Christ.
Il m’a été demandé de donner des défis pour toute la famille vincentienne. J’ai renoncé à ce défi, car nous sommes une famille nombreuse avec tant de branches et de ramifications, tant de contextes différents, des histoires différentes, qu’il est risqué de trop entrer dans le concret.
J’ai plutôt essayé de mettre en évidence 7 invitations, qui reprennent les points essentiels abordés, ou qui en sont les conséquences logiques.
Peut-être pourront-elles être approfondies, et surtout renforcées dans la pratique, sur vos lieux de mission et de vie. Renforcées, car il est évident que ces invitations ne sont pas nouvelles, mais nous sommes appelés, en tant que fils et filles de saint Vincent à un « davantage » :
• Intégrer toujours mieux les personnes en situation de pauvreté dans les projets, leur mise en œuvre, leur évaluation. Croyons que le Royaume de Dieu est à eux.
• Vivre la fraternité avec nos frères et sœurs les plus pauvres. Allons jusqu’à l’amitié, laissons-nous évangéliser et partageons ensemble la Parole de Dieu.
• Apprendre à mieux se connaitre entre les différentes branches. Soyons heureux de nous enrichir mutuellement et travaillons davantage ensemble, là où nous sommes.
• Poursuivre avec conviction la formation continue au sein de nos différentes branches. Approfondissons la pensée de saint Vincent à la lumière de l’Evangile et de la Doctrine sociale de l’Eglise.
• Répondre avec dynamisme aux appels des exclus, qui nous poussent à prendre des initiatives en faveur de la paix et de la justice. Engageons-nous simplement, avec nos frères et sœurs qui souffrent.
• Convertir nos comportements dans l’usage des biens communs et des ressources de la terre. Soyons convaincus, que l’avenir dépend de nous aujourd’hui.
• Garder la simplicité et l’humilité tant voulues par saint Vincent, pour que nos rencontres dans le quotidien soient faites de respect, douceur et compassion. Vivons toujours davantage de l’Evangile !
Isaïe nous accompagne depuis le début et nous montre combien l’avenir dépend de nous maintenant. Alors terminons avec lui, parce que…
Si les pauvres sont au cœur de nos vies, si nous surmontons les barrières, si nous vivons l’accueil réciproque, alors…
« Ta lumière se lèvera dans les ténèbres, ton obscurité sera comme un midi. Sans cesse le Seigneur te guidera,… Tu seras comme un jardin saturé, comme une fontaine d’eau dont les eaux ne déçoivent pas. On rebâtira grâce à toi les dévastations du passé, les fondations laissées de génération en génération, tu les relèveras. On t’appellera, « Réparateur des brèches, restaurateur des ruelles pour qu’on y habite » (Is 58,10-12).
Vers quel avenir ? « L’avenir dépend de la décision d’aimer, avec tout ce qu’elle implique et tout ce qu’elle exige » (Pierre Ganne).
Sœur Françoise PETIT Fille de la Charité
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