« Je vous embrasse avec toutes les tendresses de mon cœur ». Pour introduire au programme du pèlerinage de la relique du cœur de Saint Vincent de Paul à Amiens du 13 au 18 juin 2017, la communauté lazariste d’Amiens, sous l’impulsion de son supérieur le père Alexis Cerquera, a retenu cette formule de salutation qui conclut plusieurs des correspondances écrites du saint et qui n’est pas sans faire écho au titre du livret du pèlerinage : « Ose la tendresse ». Il faut dire que ce thème de la « tendresse vincentienne » a constitué comme un fil rouge du pèlerinage amiénois de la relique.
Cinq mois après la célébration du 400ème anniversaire du « premier sermon de la mission » à Folleville, la relique du cœur de Monsieur Vincent était donc de retour en Picardie ce 13 juin, où Monseigneur Leborgne, évêque du lieu, a tenu à l’accueillir solennellement en la cathédrale d’Amiens. Dans son homélie, il a tenu à rappeler combien la célébration de cette année jubilaire vincentienne fut l’occasion pour lui de découvrir la fécondité et l’actualité de l’intuition vincentienne selon laquelle :
« ce n’est pas l’annonce universelle de l’Évangile qui est signe de la présence de Dieu, mais c’est le fait qu’elle se réalise par les pauvres (cf. Lc 4,18) ».
La célébration eucharistique à la cathédrale fut marquée par ailleurs par un temps de vénération de la relique introduit par l’évêque peu avant la liturgie eucharistique pour permettre aux fidèles de la Somme qui ont répondu présents un « cœur à cœur » avec Monsieur Vincent géant de la charité. La relique fut ensuite déposée dans la chapelle Saint Vincent de Paul de l’église Sainte Anne où, jusqu’au 18 juin, elle fut exposée à la vénération des fidèles, sous le regard bienveillant du père Yves Danjou, auteur d’un livret de présentation de l’église Sainte Anne. Le journal local « Le Courrier Picard » n’a pas manqué de relayer l’information auprès des amiénois, qui se sont déplacés en nombre pour participer aux différentes activités proposées par la communauté lazariste d’Amiens tout au long de cette semaine. Offices des laudes tous les matins, possibilités de confession dans l’après midi, eucharistie quotidienne à l’église Sainte Anne suivie d’un repas partagé et d’une soirée dont le thème a varié chaque jour.
Le 14 juin, une table ronde a ainsi réuni différents représentants de la famille vincentienne (deux filles de la Charité : Soeur Stanislawa et sœur Lallemant, un lazariste, le père Didier Mahieu, Mr Charles Martres, Président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône de la Société Saint-Vincent de Paul, le père Patrick Vigneras, curé de Gannes) pour permettre un échange constructif et enrichissant autour de la question : Monsieur Vincent, qui es-tu ?
Comme l’a justement souligné le père Didier Mahieu, cette table ronde a été l’occasion de se rappeler que « la relique de ce cœur est un cœur embrasé, […et que] nous n’honorons pas un mort mais un vivant, l’histoire continue… ». Tous les participants ont souligné à cet égard l’étonnante actualité et pertinence pour notre société fragilisée par la violence verbale et le terrorisme, des vertus « vincentiennes » telles que l’humilité, la douceur, la simplicité qui figurent en bonne place dans les constitutions vincentiennes des lazaristes et des Filles de la charité. A ces vertus « vincentiennes » clairement identifiées, ils se sont permis toutefois d’en ajouter une autre vertu qui revient plusieurs fois sous la plume de Monsieur Vincent -la tendresse- qui manifeste l’attitude de Jésus à notre égard. « Ce monde dur a besoin de ressentir la chaleur de la tendresse de Dieu » n’a pas cessé de répéter sœur Stanislawa pendant la table ronde. Tendresse dont le mot est revenu le lendemain avec la conférence animée par Mr Martre et intitulée : Frédéric Ozanam, témoin de la miséricorde et de la tendresse de Dieu.
Un temps de célébration communautaire pour les personnes malades a été proposé le 16 juin avec imposition des mains par les prêtres et possibilités pour ceux qui le souhaitaient de toucher le reliquaire porté par sœur Stanislawa. Dans la soirée, un spectacle « son et lumière » préparé par le père Pierre Marionneau en collaboration avec de nombreux résidents de la maison sociale « Monsieur Vincent » venait clore une journée très riche en émotions. Le samedi 17 juin, un pèlerinage familial à Folleville organisé par la paroisse Notre Dame de Pentecôte dont dépend l’église Sainte Anne a précédé une veillée de louange et prière pour les vocations. L’occasion pour Jean-Baptiste Gning, un des trois séminaristes de la Mission en formation au séminaire interdiocésain d’Orléans de présenter son très beau parcours de vie du Sénégal à la France en passant par l’Algérie. Le départ de la relique du cœur de Saint Vincent de Paul coïncidait avec l’ordination presbytérale de Patrick Rabarison, le dimanche 18 juin en l’église Sainte Anne où il fut de nouveau question et comme par un beau clin d’œil de la Providence de la tendresse. Dans une lettre de la Secrétairerie d’État, le Pape François priait en effet pour que le nouvel ordinand « manifeste par toute sa vie la miséricorde et la tendresse du Père, dont l’Église est servante et médiatrice ». Dans une très belle conférence sur la charité, Monsieur Vincent s’exclamait : « O Messieurs, si nous avions une étincelle de ce feu sacré qui embrasait le cœur de Jésus Christ, demeurerions-nous les bras croisés […] L’amour fait entrer les cœurs les uns dans les autres et sentir ce qu’ils sentent. Ah ! Que le le Fils de Dieu était tendre ! Je ne puis m’empêcher de regarder toujours ce prototype de charité. On l’appelle pour voir le Lazare, il y va ; la Madeleine se lève et vient au-devant de lui en pleurant, les Juifs le suivent et pleurent aussi, chacun se met à pleurer : que fait Notre Seigneur ? Il pleure avec eux. C’est cette tendresse d’amour qui l’a fait descendre du ciel. Il voyait les hommes privés de sa gloire, il fut touché de leur malheur. Nous devons nous-même nos attendrir sur notre prochain affligé et prendre part à sa peine ». Prions pour que ce feu sacré de la charité et de la tendresse de Dieu qui habitait le cœur de Monsieur Vincent « ce Picard venu d’ailleurs » puisse embraser notre monde qui en a bien besoin ! A sa suite et comme nous y invite le Saint-Père n’ayons pas peur d’«oser la tendresse ».
Patrick RABARISON, c.m.
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