Dans le cadre des festivités du 400ème anniversaire du charisme vincentien (1617-2017), le Père Pedro Opeka, missionnaire lazariste à Madagascar depuis 1976, a témoigné de son combat contre la pauvreté lors d’une conférence qui s’est tenue en l’église Notre-Dame de la Salette, paroisse confiée aux Religieux de St Vincent de Paul, membres de la famille vincentienne : un témoignage émouvant qui a touché le cœur des quelque 120 personnes présentes.
Pendant 13 ans, le Père Pedro est curé de paroisse au sud-est de l’Ile et vit au service des paysans pauvres. Partageant les conditions de vie de ceux-ci, il tombe plusieurs fois malade. Affaibli et choqué de voir tant de morts, il décide de quitter Madagascar lorsque ses frères de la Congrégation l’appellent à Antananarivo, la capitale, pour devenir directeur du séminaire de St Vincent de Paul. C’est à ce moment-là qu’il découvre la mission que la Providence lui a réservée. Alors qu’il va rendre visite à des malades, il traverse la décharge publique de la ville et voit un millier d’enfants et de parents vivant dans des conditions inhumaines sur une montagne de déchets, à la recherche de nourriture ; c’est pour lui un électrochoc. La nuit suivante, il ne dort pas et demande à Dieu de l’aider à faire quelque chose pour sortir ces enfants de la misère. Avec la détermination qui le caractérise, il invite les 14 séminaristes dont il a la charge à aller avec lui vers ces pauvres, une occasion pour ces disciples de St Vincent de Paul de mettre tout de suite en pratique le charisme de leur fondateur. Il retourne dès lors tous les jours sur cet enfer et au bout de six mois, il arrive à convaincre 70 familles de quitter la décharge pour créer un nouveau village. Pour officialiser cette action en faveur des plus pauvres, le Père Pedro fonde en 1990 l’Association Humanitaire « Akamasoa » (« les bons amis » en malgache).
Au bout de 4 ans, le Père Pedro, libéré de sa charge de directeur de séminaire, part vivre à la décharge avec les pauvres. Touchés par l’œuvre du Père à leur égard, les familles lui demandent de baptiser leurs enfants. Le Cardinal du lieu accepte que le Père Pedro s’occupe des pauvres et lui donne une paroisse sans frontière : il devient le curé de ceux qui vivent dans la rue. Il commence à prier avec 50 personnes et 28 ans plus tard, ce sont 9 000 personnes qui participent tous les dimanches à la messe à 6 heures du matin, après des heures de marche pour les plus éloignés.
C’est à la force de leurs bras et quelles que soient les conditions climatiques, que ces laissés-pour-compte (hommes et femmes) ont construit jour après jour maisons, écoles, dispensaires, et même une cathédrale creusée dans le granit. Ils ont pris leur avenir en main.
Aujourd’hui, l’Association est venue en aide à plus de 500 000 malgaches ; 25 000 personnes habitent dans les 18 villages, soit 3 000 maisons, construites par les pauvres eux-mêmes ; plus de 12 000 enfants sont scolarisés dans ces écoles ; en 27 ans, 450 sont devenus professeurs, médecins, dentistes, sages-femmes, gestionnaires… désormais au service de leur pays. L’Association assure aussi un salaire hebdomadaire à plus de 3 000 personnes.
Le Père Pedro – émerveillé devant l’œuvre de Dieu et l’intervention continuelle de la providence – avoue assister chaque jour à un miracle : un lieu où régnaient violence, misère, détresse, méchanceté s’est transformé en des villages où règnent amour, solidarité, courage, foi et dignité.
Au terme de cette conférence, le Père Pedro, dévoile à ses auditeurs l’arme de ce combat qu’il mène pour plus de justice : il s’agit de l’arme de sa foi, de son amour pour l’Evangile et de sa voix, et en livre sa formule : « pardonner, oublier et continuer ». Pour plus de renseignements : http://www.perepedro-akamasoa.net/
Par: Marie-Pierre Flour
Photo: ©Michel Pourny
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