4ème Dimanche de Carême
1 S 16,1b,6-7.10-13a; Ps 22; Ep 5,8-14; Jn 9,1-41
« Réveille-toi, ô toi qui dors… »
« A la source de la vie,
nous sommes appelés par la vie;
cette source est non seulement
source de l’eau vive, mais de la vie éternelle,
source de lumière et de clarté »
Colomban
A la Samaritaine Jésus proposait (3ème dimanche de carême) un chemin de transformation de sa vie qui dans ses étapes, l’aidait à percevoir que derrière cet homme qu’elle rencontrait au puits de Jacob, semblait être présent un prophète, peut-être le Messie… jusqu’à arriver à la confession des samaritains qui disent: « il est le sauveur du monde ».
L’évangile de Jean a la caractéristique, de révéler progressivement le mystère de Jésus. Chemin que le croyant refait sans cesse car notre cœur n’a pas toujours la solidité nécessaire pour répondre « je crois » sans douter ou rester engagé aux exigences que cette foi lui proposera.
Temps de carême, ne laissera d’être temps aussi de révélation, temps pour réaffirmer notre foi dans le Seigneur et fortifier le cœur pour les exigences de cette foi.
La Parole qui illumine notre cœur:
La lettre aux Éphésiens que nous écoutons aujourd’hui nous conduit directement à la « révélation de Jésus » que le texte de l’évangile propose: « nous n’étions que ténèbres…maintenant dans le Seigneur vous êtes devenus lumière » dit l’Apôtre.
L’aveugle de naissance est doublement guéri: de sa cécité physique et de la cécité du cœur dans le sens qu’il est conduit à la foi par celui-même qui lui avait fait récupérer la vision. Sur cette cécité joue tout le texte de Jean et il faut en être attentif pour passer de l’une à l’autre et percevoir plus exactement vers où nous conduit l’évangéliste.
Dans ce dialogue merveilleux du Seigneur avec l’aveugle qui se sent pressé, harcelé, par les pharisiens nous trouvons le point culminant de la révélation. Du celui qui guéri, on passe à celui qui sauve, d’une obscurité physique on passe à la clarté de la foi.
L’invitation était la même que celle que Paul adresse à ses frères éphésiens: « réveille-toi, ô toi qui dors, relève toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » et qui restera l’invitation que à chaque carême nous devrions entendre pour redresser les chemins de notre vie.
L’initiative viendra de Dieu mais à laquelle il faut répondre avec une réponse généreuse. Idée qu’on peut aussi trouver dans le texte de Samuel, quand les hommes se laissent vraiment conduire par Dieu, ils recevront aussi l’Esprit de Dieu, sagesse et force pour les défis de la vie. La Royauté de Saul était un don pour le service du peuple, mais il l’a trahit en voulant mettre à sa place ses propres perspectives changeant la lumière d’en haut pour ses propres ténèbres.
Le regard de notre charisme:
Dans l’héritage de Paul St. Vincent parle dans une des ses conférences aux Filles de la Charité ( 23 mai 1655 « Sur l’obéissance) de ce double « Adam » qui vit en nous et dont chacun révèle sa présence selon la façon de se mettre devant Dieu en obéissance ou en rébellion.
Dit le Fondateur:
Il faut savoir que nous sommes composés de deux hommes: d’Adam, qui, de juste qu’il était, est devenu pécheur par sa désobéissance et a été dépouillé de tous les dons de la grâce que Dieu lui avait donnés (St.Vincent parlera aussi, dans la même conférence, de Saül (1ère lecture de ce dimanche) qui fut réprouvé par Dieu à cause d’avoir agi sans obéissance) ; de Jésus-Christ, qui est venu pour sauver ceux qui s’étaient perdus par leur propre volonté. Je répète ceci: nous avons en nous deux esprits, l’un du vieil homme, l’autre du nouveau (celui des ténèbres, celui de la lumière). Le premier a voulu faire sa propre volonté et se rendre indépendant de Dieu même; témoin que le serpent lui dit: »vous serez comme Dieu »; et, ce faisant , il nous a perdus avec lui. Le nouvel Adam Jésus-Christ, est venu du ciel en terre pour se faire obéissant et tout contraire au premier…le nouveau Adam ne cherche qu’à rompre sa propre volonté, ce qu’il nous a bien enseigné au jardin des Olives, et le vieil Adam cherche à faire la sienne propre ».
Obéissance ou non obéissance, deux façons de laisser vivre en nous la lumière qu’en Jésus-Christ nous sommes devenus, selon l’expression de l’apôtre. Que le temps de carême qui nous conduit vers la Pâques puisse secouer nos ténèbres et nous aider à entrer dans l’expérience profonde de la lumière que le Seigneur nous offre dans sa mort et sa résurrection.
P. Alvaro RESTREPO, c.m.
0 commentaires