3ème Dimanche de Carême
Ex 17,3-7; Ps 94; Rm 5,1-2.5-8; Jn 4,5-42.
« Ne fermons pas notre cœur… »
« Donne-moi un cœur pur afin que je te voie,
un esprit humble afin que je t’entende,
l’esprit d’amour afin que je te serve,
l’esprit de foi afin que je demeure en toi.
Toi que je ne connais pas,
Mais à qui j’appartiens, Toi »
Dag Hammarskjöld
N’est pas facile et surtout pas du tout agréable entendre Paul nous dire dans sa lettre :
« Alors que nous n’étions capables de rien… »
quand nos esprits vivent chaque jour convaincus de leurs forces et possibilités en soutenant en nous ce « super homme » que déjà certains philosophes avaient proclamé, comme en faisant concurrence à Dieu.
Mais cette pensée de Paul, nous ramène – a nous croyants – à ce qui nous est essentiel particulièrement dans ce temps de carême et nous aide à nous reposer la question sur quelles sont les valeurs de notre vie ou pour être plus radicaux quelle « est la VALEUR » qui donne sens à notre vie.
Notre recherche ne laisse pas de se faire comme la Parole de Dieu nous l’indiquera aujourd’hui.
Parole du Seigneur pour notre route d’aujourd’hui:
Les lectures qui nous sont proposées nous conduisent à une affirmation claire et concise: le carême nous invite à « nous convertir et à accueillir en profondeur l’espérance » en laissant dans notre vie la place à celui qui se présente comme l’EAU VIVE, comme le RÉVÉLATEUR DU PÈRE, comme le sauveur qui sur la croix s’offre pour ceux qui ne le méritaient pas car nous étions pécheurs.
Sans doute que cette démarche ne se fait pas spontanément. Elle passe par toutes ces crises comme les a vécu le peuple dans sa longue marche au désert et que le livre de l’Exode et le psaume 94 nous rappellent aujourd’hui. « Massa et Meriba » que la Bible garde comme des lieux, ils sont surtout « passages de notre vie, moments de l’éducation de notre foi, témoins de nos propres rébellions ».
L’invitation est claire:
« ne fermez pas votre cœur comme au désert… ».
Le dialogue de Jésus avec la samaritaine est construit avec tous ces pas que la pédagogie du Seigneur a su développer pour l’aider à percevoir progressivement les vraies exigences de son cœur et de la vie et se livrer sans réserves au « don de Dieu qui lui était offert ».
Comme à elle, nous est offerte cette liberté du cœur qui devient une illumination intérieure et qui refait l’unité de toute notre vie et que Paul appelle « avoir accès au monde de la grâce ».
Notre démarche d’aller à la rencontre de Dieu, deviendra aussi missionnaire car aidera les frères à se mettre en route « vers » Jésus , comme le texte de Jean nous raconte:
« Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles…oui nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde ».
L’illumination de notre charisme:
Cet appel à la conversion que la Parole de Dieu nous adresse chaque jour et particulièrement dans tous ces moments forts de la liturgie nous font comprendre comment il est long le chemin et comment l’action de Dieu doit se déployer en nous pour nous aider à faire, la route.
A ce propos le Fondateur, en parlant aux missionnaires sur « Comment s’occuper des retraitantes » affirme:
« Le premier moyen, c’est de considérer que c’est l’oeuvre des œuvres, plus grand que celui du monde, car il s’agit de faire d’un pécheur un juste; d’un vicieux, un parfait. La création du monde n’est pas si difficile, parce que « dixit et facta sunt », dit Dieu; le néant ne peut aucunement résister à Dieu; mais en cet exercice, la volonté du pécheur, ses inclinations, ses passions, ses tentations, tout cela s’oppose au dessein de Dieu. Voyez, Messieurs, la grandeur de cette oeuvre. Il est aussi difficile de faire qu’un pécheur se retire du péché que de faire monter la pierre en haut et de faire descendre la plume et le feu en bas. Et néanmoins, c’est le dessin de Dieu, c’est là sa volonté, que d’un pécheur nous fassions un juste et que nous fassions régner Dieu dans son âme, pour le gagner plus parfaitement à Lui » (Entretiens aux Missionnaires , pp.102-103).
Et si nous mêmes nous nous appliquons ce que le Fondateur disait en parlant de « retraitants »? Ne trouve pas aussi la grâce tant des réticences dans notre esprit qui nous font ajourner sans fin le délai de ce pas de transformation de notre vie.
Le Psaume ne finira de nous dire: « Aujourd’hui écoutez ce qu’il dit: Ne fermez pas votre cœur » Ps 94.7-8.
Oui…aujourd’hui…et demain….et toujours.
P. Alvaro RESTREPO, c.m.
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