« 1er Dimanche de Carême »
Gn 2,7-9; 3,1-7a; Ps 50; Rm 5,12-19; Mt 4,1-11
« Crée-moi un cœur pur, ô mon Dieu ».
« Dans son grand amour,
Dieu n’a pas voulu contraindre notre liberté
bien qu’il eût le pouvoir de le faire,
mais il nous a laissés venir à lui
par le seul amour de notre cœur »
Saint Isaac le Syrien
La pédagogie de l’Eglise en ouvrant les portes du carême, nous invite avec la richesse de la Parole Divine, à élargir le regard de notre esprit pour ne pas nous réduire à des considérations intimistes sur la signification de ce temps de grâce que Dieu nous offre.
Devant nous apparaît dès maintenant le drame de l’humanité, comme les écrivains de la Bible ont voulu nous le présenter. Il ne s’agit pas seulement de nos péchés même s’ils sont reconnus avec humilité. Il y a encore plus. Nous faisons partie d’une humanité qui à tout moment a voulu construire son histoire sans tenir compte des projets de Dieu pour la conduire. Nous vivons dans cette société, nous faisons partie d’elle, nous recevons ce qui de bon s’est construit mais nous sommes aussi contaminés avec la méchanceté qui est dedans. Nous mêmes nous apportons ou le bien ou le mal à cette caravane humaine avec laquelle nous marchons.
Le temps de carême invite donc à une conversion personnelle qui puisse renouveler la société dans laquelle nous vivons et invite aussi à la société à se renouveler pour que les personnes trouvent un appui dans leur chemin de sanctification. Il s’agit d’un chemin de réconciliation qui nous engage nous tous.
Le message de la Parole de Dieu:
L’opposition entre les deux hommes de l’histoire est claire et significative. C’est là où sans doute il faut aller chercher le lien entre les lectures d’aujourd’hui. Un homme, cet Adam du texte de la Genèse, sorti de la terre et un autre Adam, le nouveau, selon l’expression de Paul qui au désert montre à l’humanité, et à chacun de nous de quelle façon il faut réagir à tout ce qui peut nous détourner de Dieu.
Le premier s’est laissé séduire et devint le paradigme de tous ceux qui semblent trouver la volonté de Dieu, agressive, inhumaine, réductrice des espaces de liberté de la créature humaine. Le deuxième, découvre humblement dans la Parole de Dieu la « nourriture pour sa vie et les critères pour réagir face aux séductions de l’orgueil et de la gloire apparente ».
Si le premier vit en nous très souvent, le baptême nous permet d’entrer dans les sentiments et la vision de la vie du second pour nous confronter avec toutes les tentations que le parcours de notre existence pourra nous offrir.
Paul le dit clairement: « Si à cause d’un homme, par sa faute la mort a régné combien plus à cause de Jésus ». Comme l’Ecriture l’enseigne personne est tenté au-delà de ses forces, nous devons donc accepter que chaque fois que nos chemins s’éloignent de Dieu signifie tout simplement que nous aussi nous préférons ce chemin, peut-être car il est plus facile, moins exigeant que celui du Seigneur.
Dans l’obéissance de Jésus nous rééduquons la nôtre, pour notre bien et le bien du monde dans lequel nous vivons.
Un chemin de conversion avec nos fondateurs:
La conférence que St. Vincent adresse aux Filles de la Charité le 24 août 1654, a comme titre: « Sur les tentations ». La méthode du dialogue employé par le Fondateur donne l’espace aux interventions de nos sœurs qui sans doute enrichissent beaucoup ce que le Fondateur disait. On vivait ce sens du « peuple de Dieu illuminé par l’Esprit » que la théologie enseigne et que malheureusement semble affaibli dans nos communautés avec un risque de nos appauvrir dans notre expérience de Dieu.
En pédagogue le Fondateur dira: « la tentation est un mouvement qui nous porte au mal. Le diable fait voir le mal tout ouvertement quelquefois, mais pour l’ordinaire, il le propose sous ombre de bien ».
« Beaucoup de saints ont été sanctifiés par les tentations qu’ils ont surmontés » ajoute une de nos sœurs; car « Dieu permet que ses serviteurs et servantes soient tentés, pour les exercer et nous faire saints » disait une autre sœur, répondant à une question de St. Vincent.
« Les tentations – ose dire St.Vincent- sont une marque de que Dieu nous aime. Il permet cela pour nous rendre humbles, exacts et fidèles. C’est le profit que St. Paul tirait de ses tentations, pour s’humilier, pour donner gloire à Dieu de tout ce qu’il faisait par sa grâce. C’est une grande consolation aux bonnes âmes de savoir que les tentations ne sauraient leur faire tort, si elles veulent, et qu’au contraire, elles leur peuvent beaucoup servir. C’est la sainte Ecriture qui nous l’apprend (Jc 1,2;4,7).
« Je prie Notre-Seigneur – écoutons avec respect à St. Vincent – qu’il nous donne la grâce de bon usage de tout ceci et surtout de bien connaître les ruses de l’esprit malin, d’y résister en la manière qui a été dite, et aussi de nous souvenir que le diable nous peut bien tenter, mais que, sans notre volonté, ils ne nous entraînera pas dans le mal ».
Posons-nous la question : quelle est notre attitude exacte et juste face aux tentations qui ne nous manqueront jamais. Elles peuvent être chemin de croissance.
P. Alvaro RESTREPO, c.m.
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