L’an dernier l’équipe s’occupant des jeunes au sein de l’aumônerie des Voyageurs, avait proposé une rencontre à Taizé en Bourgogne, nous étions tout juste une douzaine. L’été dernier c’est aussi une petite douzaine de jeunes qui a participé aux JMJ à Cracovie. Petits groupes et belles expériences, alors nous avons décidé de continuer l’aventure. Sur la proposition d’une Voyageuse, nous avons mis le cap sur Lisieux pour aller à la suite de sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte face !
Habituellement les pèlerinages se font en famille et tout le monde vient avec sa caravane. Cette fois-ci le but était de permettre à des jeunes de se retrouver qu’entre eux, sans les caravanes, dans un logement collectif. Chose rapidement faite en allant au « Foyer Louis et Zélie Martin ». Cette maison du pèlerin est tenue par les sœurs Servantes de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Les quatre sœurs à notre service viennent de quatre pays différents et rayonnent la joie de vivre dans la simplicité du service. Bel exemple de la vie de Thérèse.
A peine lancées, les inscriptions sont arrivées très vite et bien plus que ce que nous avions prévu coté budget. Nous avons failli annuler par manque de finances mais heureusement la solidarité a bien fonctionné. L’appel à un soutien financier a été entendu et les dons sont arrivés permettant la réalisation totale du séjour. En final, nous avons été une bonne quarantaine à participer, plus quelques-uns de la région qui nous ont rejoint pour tel ou tel moment.
Le rendez vous était prévu pour 5h en fin d’après-midi du vendredi mais à 3 heures pratiquement tout le monde était déjà arrivé !! Signe qu’il y avait de la motivation pour vivre ce temps fort spirituel ensemble. Les jeunes sont vraiment venus des quatre coins de France. Angoulême, le Limousin, Lyon, le Centre, Lure, la région parisienne, la Normandie plus les rachails (prêtres) qui sont sur le Nord !
Le programme était bien organisé afin que nous puissions découvrir les différents lieux importants de la vie de Thérèse. Le thème de notre pèlerinage était « la mission ». Eh oui nous pouvions difficilement faire autrement lorsque nous nous laissons mener par la patronne des missions !
Chaque jour nous avons donc pu découvrir un lieu spécifique où Thérèse vécue, telle la maison familiale des Buisonniers où elle a vécue de 4 à 15 ans, entourée d’une très grande affection par son père et ses sœurs (la mère étant décédée alors que Thérèse avait 4 ans). C’est à quinze ans qu’elle entre au couvent du Carmel après avoir été demandé l’autorisation au pape à Rome ! L’église paroissiale où elle a fait sa première communion qui l’a tant marquée d’être uni à son Sauveur, Jésus le Christ. Et bien sur la superbe basilique construite dans le premier tiers du XX° siècle. Chaque jour nous avions aussi un enseignement pour approfondir notre « être missionnaire » propre à tout baptisé. Venir se purifier via le sacrement du pardon, se nourrir au corps même de notre Dieu dans l’eucharistie, et se laisser renouveler par l’Esprit pour être des missionnaires zélés.
Nous avons pu toucher un peu du doigt, via la vie de souffrance qu’a eu notre « petite sainte » l’importance de savoir se jeter dans l’amour infini de Dieu qui nous accueille sans cesse les bras grands ouverts. Ceci est l’un des points très importants de la spiritualité Thérésienne, car à l’époque on parlait beaucoup plus d’un dieu juge, qui condamnait facilement. Heureusement que la méditation de l’évangile nous a éloigné d’une telle conception de Dieu.
Thérèse avait une relation très intimiste avec son « roi divin », chacune des communions à la sainte hostie était pour elle l’occasion d’une union très intense lui permettant de passer toute épreuve.
Elle qui a vécu que 9 ans au Carmel (morte à 24 ans de la tuberculose), enfermée dans un lieu très précis a été déclarée « patronne des missions » en 1927 par le pape Pie XI. Si elle a ce titre, ce n’est pas dû au fait qu’elle aurait parcouru le monde mais bien à cause de son désir très fort de propager la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Sa prière était ardente. Elle a aussi entretenue une correspondance avec plusieurs missionnaires les stimulants et les guidant dans leur manière de vivre leurs missions d’évangélisateurs.
Chacun des lieux ou des temps de prière ont été vécus avec intensité par nos jeunes pèlerins. Ils se sont stimulés les uns les autres pour plus de dévotions et une meilleure compréhension de leur vocation missionnaire là où ils vivent. Car la mission ce n’est pas tant partir dans les quatre coins du monde, mais bien de mener sa vie en harmonie avec l’évangile. Cela débute au sein même de la famille puis sur les terrains où est parfois difficilement vécu la rencontre avec les évangéliques ou des gadgés (sédentaires). A la suite de Thérèse, on comprend bien que ce n’est pas tant d’aller claironner que c’est nous qui avons la vérité (sous-entendant, que les autres ont tort) mais bien d’aller à la rencontre. Poser des actes d’attentions, de délicatesses, poussés par une vie vertueuse (honnêteté, respect, charité etc.) C’est par nos actes que nous évangélisons. Appuyés par une prière régulière et intense, nous sommes invités à vivre l’espérance de voir chacun (quel que soit ses convictions religieuses) faire un pas vers l’autre pour vivre d’avantage l’unité tant désiré par Dieu.
Notre dernière soirée a été l’occasion d’une relecture, d’un bilan de ces 4 jours passés au pays de Thérèse. Tout comme le Christ invite ses disciples à dire ce qu’ils ont vécu dans leur mission en se mettant un peu à l’écart, chacun a pu dire ce qu’il avait vécu. Et là franchement ça a été un grand bouquet de fleurs de toutes les belles choses vécues. Seule petite difficulté : le fait de vivre en communauté avec les règles communes (heures des repas fixes, fermeture de la maison à 22heures etc). C’est ainsi que l’on s’aperçoit que rentrer dans la culture des autres (là des sédentaires) ce n’est pas si évident que cela. Arriver à apprécier une nourriture différente (et pourtant très bonne au palais des rachails !!) demande une maitrise de soi. La rencontre de l’autre passe aussi par ces petites choses quotidiennes.
Combien il a été bon d’entendre plusieurs de ces jeunes dire qu’ils s’étaient éloignés de l’église dans le doute de la foi, et enfin repartir avec ferveur sur leur chemin de foi. Ce temps vécu entre jeunes, découvrir la vie de la petite Thérèse a été un vrai témoignage de vie. Même si au départ certains se demandaient ce qu’ils venaient faire là, Ils savent maintenant pourquoi ils étaient venus : reprendre une vie ardente en Eglise et confier à nouveau leur vie à Dieu. Qu’il est bon d’avoir la foi !
Qu’il a été beau, pour nous les rachails, au cœur du sacrement de la pénitence et du pardon d’être témoins du chemin de vérité qu’ont fait la plupart de ces jeunes. Avec quelle authenticité, ils ont osé poser un regard exigeant sur leur vie, confiant dans l’amour infini de Dieu qui les accueille tel qu’ils sont, comme enfants bien-aimés du Père. Oui la vérité nous rendra libre nous dit Jésus et c’est ainsi que nous continuons notre chemin de pèlerinage sur cette Terre.
Vincent Goguey cm
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