2ème Dimanche du Temps Ordinaire
Is 49,3.5-6; Ps 39; 1Co 1,1-3; Jn 1,29-34
« Tu es mon serviteur…en toi je me glorifierai »
« C’est par l’amour que nous aimons le Christ
que nous orientons en même temps
nos œuvres vers nos frères
qui nous sont intimement liés
et pour lesquels
il s’est donné lui-même en sacrifice »
( Karl Marx (dans sa jeunesse)
Le contexte du baptême accompagne encore notre chemin spirituel dans ce dimanche du Temps Ordinaire avec la théologie du serviteur que le prophète nous propose et avec le symbolisme profondément riche de l’agneau et de la colombe qui nous seront offerts dans l’évangile.
Le Psaume 39 nous laissera l’espace à une méditation qui sans doute a accompagné beaucoup de nos routes vers le Seigneur et qui continuent sans doute à nous transmettre l’énergie dont nous avons besoin.
« J’espérais le Seigneur d’un grand espoir il s’est penché sur moi »,
Voilà ce long chemin que nous essayons de parcourir avec le Dieu de notre vie. Il éduque ainsi notre cœur pour le rendre docile, Il nous aide à percevoir que seulement dans cette docilité exigeante on retrouve la vrai paix du cœur capable de répéter humblement au Seigneur:
« mon Dieu j’aime ta loi du plus profond de mon cœur »( Ps.39,9).
Parole de Dieu pour nos routes:
La Bible nous a habitué à rencontrer ce personnage un peu mystérieux que le Prophète Isaïe nous présente. Qu’il s’agisse d’un individu ou de tout le peuple, les caractéristiques d’obéissance et docilité, de soumission totale à Dieu sont les mêmes. La réflexion biblique parle souvent des « cantiques du serviteur de Yahvé ».
Attitude humaine de soumission mais geste aussi de protection de la part de Dieu, de particulière attention sur sa personne.
« C’est trop peu que tu sois mon serviteur, je vais faire de toi la lumière des nations ». Semblerait que Dieu ne se laisse pas dépasser en amour et en générosité à l’égard de sa créature.
Le Nouveau Testament trouvera facilement le passage de ce serviteur anonyme à un autre serviteur, appelé Jésus, et que sous le langage de l’agneau -profondément biblique et riche – réalise en plénitude ce qu’a été la vie et la mission du serviteur du Premier Testament. En Jésus-Christ, on ne trouve que docilité totale au vouloir de Dieu, disponibilité généreuse à la mission qui lui avait été confié, « nouvel agneau » qui charge nos péchés et nous rend libres.
Le Psaume approfondie le sens de la première lecture et illumine les autres.
Le chrétien devra selon le message de Paul dans sa lettre aux Corinthiens, se mettre à la suite de ce « serviteur » modèle de notre relation avec Dieu et modèle de notre façon d’agir au service de nos frères car nous sommes aussi pleins de la « grâce et de la paix qui nous vient de Dieu ».
Sur les pas de nos Fondateurs:
En parlant aux Missionnaires sur l’humilité, St. Vincent nous dira que l’inclination que nous devons vivre à l’égard de cette vertu nous vient du baptême:
« Et comment se fait cela? C’est que la grâce reçue par le baptême donne cette velléité. Oui l’esprit de Notre Seigneur donne la même pente pour la vertu, que la nature pour le vice ».
Mais dans la conférence du 13 de décembre 1658, le Fondateur avait déjà mis le fondement de notre spiritualité, qu’il appellera et répétera avec insistance: « se revêtir de l’esprit de Jésus-Christ ».
« O Sauveur, o messieurs! Que voilà un grand affaire, se revêtir de l’esprit de Jésus-Christ. Ceci veut dire que pour nous perfectionner et assister utilement les peuples, pour bien servir les ecclésiastiques, il nous faut travailler à imiter la perfection de Jésus-Christ et tâcher d’y parvenir. Cela dit aussi que par nous mêmes nous n’y pouvons rien. Il faut se remplir et être animé de cet esprit de Jésus-Christ…
Quand on dit que le Saint Esprit opère en quelqu’un, cela s’entend que cet Esprit, résidant dans cette personne, lui donne les mêmes inclinations et dispositions que Jésus-Christ avait sur la terre, et elles le font agir de même, je ne dis pas d’une égale perfection, mais selon la mesure des dons de ce divin Esprit…
O Sauveur, enseignez-nous à porter nos plaisirs en vous, à aimer ce que vous avez aimé et à nous plaire en ce qui vous plaît ».
Théologie baptismale, claire et exigeante, celle de notre Fondateur. Théologie qui nous rappelle que parler de « serviteur et d’agneau » il faut le traduire dans le quotidien de la vie. Nous qui chaque jour nous disons dans l’Eucharistie: « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous ». Laissons-nous prendre par la force de cet amour qui veut tout simplement nous aider aussi à le vivre.
P. Alvaro RESTREPO, c.m.
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