3ème Dimanche de l’Avent
Is 35,1-6a.10; Ps 145; Jc 5,7–10; Mt 11,2-11
« Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse »
« Si un homme
veut être sûr de son chemin,
qu’il ferme les yeux
et marche dans l’obscurité »<
Jean de la Croix
« En attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience »: voilà le conseil que l’apôtre Jacques donne à la communauté qui se rassemble aujourd’hui autour de l’eucharistie.
Mais voilà aussi ce que nous pouvons comprendre de ce message de St.Jean de la Croix…la longue patience ressemble très souvent à cette démarche de « fermer les yeux…et attendre comme dans l’obscurité ». Et qui n’a jamais vécu ces longs moments d’obscurité ?
L’Avent nous invite à L’ATTENDRE ? oui…nous l’avons dit, peut-être car nous le sentons absent dans notre vie? Car nous l’aimons et dans cet amour nous réveillons ce désir de le retrouver une fois de plus?…l’attendre car nous voulons nous donner une nouvelle énergie pour « tendre » vers lui puisqu’en Lui nous trouvons la vraie lumière de nos routes?
Mais l’attente qui nous approche de lui a besoin d’être vécue « dans la patience de la foi », dans ce silence avec lequel l’agriculteur rêve au fruit de la semence plantée. Patience qui n’est que la certitude que la parole que Dieu ne trompe jamais et que sa « fidélité et sa miséricorde » sont pour toujours (Ps 117,1-4). Certitude d’une tendresse éternelle car Dieu ne fait pas des contrats temporels avec nous. Il est Dieu – a dit Osée – un Dieu qui aime et se fie dans le style de Dieu presque dans une certaine naïveté à notre égard.
Patience qui est aussi de notre part, un respect devant les chemins de Dieu car ils sont inconnus à l’homme à qui on demande simplement de les accueillir quand et comme Dieu veut nous le faire vivre.
La parole de Dieu pour notre aujourd’hui:
Les paroles de Jacques, ont eu, plusieurs siècles auparavant, le même sens dans l’oracle du prophète Isaïe que nous lisons aujourd’hui. A qui on pouvait dire avec force et insistance: « ayez patience » qu’à tous les exilés en Babylone qui devaient vivre avec grande souffrance la longueur des jours et des années loin de leur patrie? Ces déserts de l’exil qui devenaient aussi des « déserts intimes, spirituels, lourdeur dans la marche, perte de sens…Déserts qui attendaient «la pluie» de la consolation de Dieu que le prophète proclame avec courage».
La fatigue, particulièrement, quand elle semble s’allonger indéfiniment risque d’affaiblir la foi et l’espérance. On a besoin du courage au coeur, de ce qu’on appelle « obstination de l’esprit » – don de Dieu – pour ne pas baisser les bras. Le Seigneur tenait compte de cela, pour inviter le prophète à « fortifier les mains fatiguées, affermir les genoux chancelants et dire aux gens: prenez courage, ne craignez pas, voici votre Dieu…il vient lui-même et va vous sauver » (35 1-4).
Message dont a eu besoin le peuple de Dieu d’hier, mais message d’aujourd’hui pour des hommes et des femmes comme nous qui portons aussi le poids de beaucoup de détresses. Combien des chrétiens partout dans le monde agressif d’aujourd’hui ont besoin d’être « fortifiés et affermis » pour pouvoir rester debout…dans la « patience de la foi qui sait attendre l’heure de Dieu »!
Jean Baptiste reste aussi pour nous, l’homme de la « patience courageuse » qui sait attendre les signes de Dieu, qui sait poser les questions qui pouvaient rassurer sa route et rester le modèle de ceux qui doivent « attendre avec patience et courage la venue du Seigneur ». Patience et attente de Jean le Baptiste qui sont devenus sa façon d’aimer Jésus son ami et l’exemple pour l’aimer aussi à notre tour.
A l’écoute de nos fondateurs:
L’Avent n’est qu’un temps liturgique mais il offre aux croyants la possibilité de développer en eux les attitudes nécessaires qui éduquent notre vie intérieure. Chemin qui est toujours long mais qui représente les voies par lesquelles Dieu conduit les personnes.
Cette réflexion de Ste Louise porte sans doute cette expérience dans la foi:
« Par la récollection des Saints Apôtres, j’apprendrai aussi à me tenir recolligée, par une très grande et entière dépendance de la Providence de Dieu, de laquelle je ne me départirai jamais et j’attendrai tant qu’il lui plaira, qu’il me fasse enseigner ce qu’il demande de moi…
Que le sujet de la récollection des Saints Apôtres, était principalement l’amour qu’ils portaient à leur Maître; aussi ce même amour doit être le seul sujet de dépendance en laquelle, moyennant sa sainte grâce, je persévérerai toute ma vie, désirant ce saint amour et espérant qu’après l’avoir persévéramment demandé au temps, il me sera donné en l’Éternité…
Que je dois persévérer en l’attente du Saint Esprit, bien que je ne sache point le temps de sa venue, mais en acceptant cette ignorance et celles de voies par lesquelles Dieu veut que je le serve, je me dois abandonner entièrement à sa disposition pour être entièrement à Lui, et pour préparer mon âme, je dois volontairement renoncer à toute chose pour le suivre » (Écrits, p 713).
Attendre sans savoir clairement par où Dieu veut nous conduire, attente dans l’amour et par amour…tout cela semble « ce chemin d’obscurité » mais finalement il porte à la lumière et à une union plus intime avec Dieu.
P. Alvaro RESTREPO, c.m.
0 commentaires