En mode ITINÉRANCE

2La Congrégation de la Mission a été fondée par St Vincent de Paul afin d’évangéliser les pauvres des campagnes. Dès le départ le moyen principal était l’itinérance. Venir quelques temps sur une paroisse pour stimuler, interpeller, enseigner, sanctifier etc.

Voici plusieurs années que nous vivons cette itinérance pour vivre des missions dans des établissements scolaires, en allant de ville en ville, semaine après semaine. Nous faisons ainsi le tour de France et même maintenant de Belgique. Par ce moyen nous rejoignons la pauvreté spirituelle de notre société. Les jeunes ont très peu de lieux pour réfléchir le sens de leur vie. Etre auprès d’eux, c’est venir servir et évangéliser cette pauvreté-là.

C’est un style de vie particulier où l’on se rattache de moins en moins à un lieu précis, même si une maison reste notre lieu communautaire, 7actuellement à Bondues. Alors que certains ont besoin de plusieurs jours pour préparer leur valise lorsqu’ils s’en vont pour une semaine de vacances ou autre motifs, nous avons pris l’habitude avec Eric Ravoux, de faire notre sac en moins d’une heure.

L’itinérance nous a appris que nous avons besoin de bien peu de chose pour vivre le quotidien. Lorsque vous partez pour trois ou quatre semaines consécutives de missions avec le train comme moyen de transport, il est évident qu’on n’embarque pas toute la maison. Avec l’expérience on arrive à mettre quasiment tout dans un seul sac y compris le matériel nécessaire pour les animations c’est-à-dire l’ordinateur, le vidéo projecteur sans oublier la rallonge électrique élément indispensable, toujours difficile à trouver dans un établissement !!! Ceci aide bien, par certains côtés à vivre le vœu de pauvreté qu’exprime les religieux : savoir se contenter de peu.

aDepuis quelques années nous avons la chance d’avoir un camping-car que nous utilisons lorsque des établissements ont des difficultés à nous loger. Ce mode de transport/logement c’est accepter de vivre à deux, dans un 13mètres carrés ! Tout est dedans : deux chambres, cuisine, salle de bain, toilettes, salle à manger, chauffage, frigidaire ! Combien de fois étant assis là pour manger, nous nous disons la chance que nous avons de vivre ainsi. Que nous sommes des privilégiés d’avoir ce style de vie. Nous savons apprécier et rendons grâce très souvent pour cela. Ce logement sur roues nous permet d’être à pieds d’œuvre pour nos interventions, donc pas de soucis d’embouteillages ou de risque d’accident ou de panne, ni de dépenses de transport au quotidien. Un bien être fort appréciable.

Vivre ainsi, chaque semaine, une ville différente, amène à avoir une autre relation à l’existence sur cette Terre. Lorsque nous sommes propriétaires ou même simplement locataires, nous nous habituons à la régularité, à ce que les choses soient identiques dans notre environnement, perturbant quelque peu dès qu’il y a du nouveau dans le quartier… Etre en itinérance c’est apprendre à accueillir différentes réalités dont nous ne sommes pas maîtres, prendre ses marques en peu de temps pour tout de même si retrouver. Ce changement permanent, que ce soit avec le camping-car ou en changeant de communauté, ou presbytère ou encore toute autre famille acceptant de nous accueillir pour une semaine, nous apprend la dépossession et l’accueil de la différence. La diversité est une belle composante de l’humanité, entrer dans l’intimité familiale ou communautaire permet d’avoir une plus grande souplesse pour accepter l’autre différent sans chercher à lui imposer notre point de vue, notre manière de faire.

Au fur et à mesure qu’on avance dans ce style de vie, une figure biblique nous devient plus familière : Abraham. Notre ancêtre dans la foi ayant répondu à l’appel de Dieu, de quitter son pays et de partir là où le Seigneur l’appellera ! Qu’est-ce que notre existence ici-bas ? Partir, aller à la rencontre, se laisser enseigner par l’expérience, reconnaître que nous sommes bien peu de choses mais tout à la fois heureux de diffuser l’amour de Dieu autour de nous…10

Vivre l’itinérance c’est aller à la rencontre, avoir une relation particulière aux personnes qu’on rencontre que sur une période courte. Au meilleur des cas nous nous croiserons une fois par an. Etonnant de faire ce constat, une fois l’habitude annuelle prise de revenir dans le même établissement, de se retrouver comme si l’on s’était quitté la semaine précédente. Une belle occasion de méditer sur ce qu’est le temps ! Autre découverte, il arrive parfois que notre passage est l’occasion à certaines personnes de prendre un repas en commun alors qu’ils sont presque voisins : quel entretien faisons-nous de nos liens ?

L’itinérance c’est accepter d’avoir tout à la fois des liens forts avec des personnes (on se confie parfois plus aisément à quelqu’un de passage) mais aussi plus ténus car n’ayant que peu de prise pour les entretenir. Là aussi apprentissage de la dépossession de notre relation à l’autre, nous sommes de passage…

Coté ecclésial, l’itinérance est l’occasion de visiter bien des réalités différentes ne serait-ce qu’au niveau paroissial. Quelle diversité d’assemblées, une belle occasion de constater qu’il n’y a pas qu’une manière d’incarner notre foi en Jésus Christ, style de liturgie, sensibilité, spiritualité, charisme, tout cela se côtoie avec plus ou moins de réussite selon les lieux. Dans nos animations c’est aussi proposer des célébrations de la Parole adaptées aux jeunes afin qu’ils puissent goûter à la spiritualité, à la vie intérieure. C’est être témoin auprès d’eux que nous sommes des priants s’adressant à Dieu (pour eux c’est tout un monde qui s’ouvre à eux) .

6Mais l’itinérance n’est pas le tout de la Congrégation de la Mission ! La dimension du service des pauvres, passe nécessairement par un suivi régulier de ceux que l’on veut servir. Il faut de la proximité, il faut créer un climat de confiance, il faut pouvoir reprendre régulièrement un chemin parcouru pour que les personnes en difficultés puissent reprendre confiance en elles et gérer à nouveau leur vie par elles-mêmes.

Cela ne peut pas se vivre sous la forme de l’itinérance, la stabilité est nécessaire dans la mise en acte de notre charisme. C’est l’autre facette de notre identité. L’une et l’autre n’ont pas à s’opposer. Une belle articulation entre les deux permet une complémentarité réciproque. Ainsi c’est ensemble, dans nos fonctionnements différents, que nous pouvons porter une mission commune.

Vincent Goguey cm

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