En allant aux JMJ en Pologne, nous souhaitions aussi honorer les Tziganes exterminés dans les camps de la mort.
Spontanément nous avons pensé à Auschwitz, grand mémorial de cette page de l’histoire de l’enfer. Coté organisation ce n’était pas possible. Un peu par hasard notre rachaï Emmanuel Langard a trouvé sur Internet qu’à Cracovie même il y a eu un camp d’internement où passèrent 50 000 hommes et femmes dont plusieurs familles de Voyageurs. Le nom de ce camp était Kraków-Płaszów*. Nous décidons donc d’aller sur ce lieu. On s’attendait à trouver tout un mémorial, de cette sombre page de l’aventure nazie sur cette terre Polonaise. Mais c’était sans compter sur le très grand malaise des Polonais, qui ont tout fait pour éliminer toute trace de cette horreur. En arrivant sur place il nous a fallu demander à plusieurs personnes du coin pour enfin atteindre le lieu recherché. Les habitants avaient bien du mal à nous donner quelques indications précises.
Quelle stupéfaction de voir une simple pancarte au milieu d’une petite route indiquant que sur ce lieu avait existé un camp de concentration. C’est en fait devenu une friche, un parc boisé, où un simple chemin permet une promenade !
Nous engageant sur celui-ci, nous découvrons rapidement quelques blocs de béton, certainement des restes de baraquement de l’époque complétement envahi d’herbe en friche. Nous avançant un peu plus nous voyons quatre personnes au loin, et nous approchant nous découvrons que c’est une famille juive, à la kippa que portent les hommes … et rencontre improbable ce sont des juifs Français d’origine Polonaise venant honorer les défunts de leur famille. L’émotion est très grande lorsque chacun, juifs et Voyageurs échangent la même horreur vécues par leurs familles respectives.
Après cela nous avons vécu un temps de prière. L’historique du lieu ayant été relaté, chacun avait été invité à ramasser un caillou pour symboliser le mal qui habite notre cœur à cause d’une telle incompréhension. Un mal qui peut se transformer en colère, rage, amertume, violence, vengeance. Par la récitation d’un psaume imprécatoire (Ps 34) trop violent pour être entendu en liturgie, nous avons confié ce mal à Dieu en jetant très loin ces pierres chargées de tous ces sentiments qui rongent l’âme. Une petite marche silencieuse nous a permis de penser à ces 250 000 Tziganes exterminés par les nazis (donc environ un quart de la population Tzigane !) et tout particulièrement aux défunts des familles des jeunes Voyageurs présents sur place. Arrivés devant les blocs de béton, nous avons allumé une bougie pour honorer tous ces morts et fait la lecture d’un poème de Rechta Robin** évoquant cette page d’histoire d’un peuple si souvent mal mené.
La lecture de la Parole de Dieu ainsi que des psaumes nous ont permis d’enraciner encore plus profondément notre foi dans l’espérance d’un Dieu miséricordieux au-delà de cette horreur.
Un bouquet de fleurs cueillis sur place nous a invités à nous tourner vers l’avenir. Alors qu’au début de ce pèlerinage si particulier nos cœurs étaient lourds et sombres, en ressortant de ce camp c’est la paix et la sérénité qui se sont installés en nous. C’était faire œuvre de miséricorde que de venir honorer ces victimes de la barbarie qu’on a si souvent voulu oublier.
Il nous est apparu comme évident qu’il ne pouvait pas y avoir d’autres lieux plus symboliques que Kraków-Płaszów pour honorer ceux que l’on cherche à rendre inexistants ! Vivre cette démarche était aussi mettre en acte une des œuvres de miséricorde demandée par le pape : celle n’honorer nos défunts.
Un journaliste de La Croix était avec nous pour faire un reportage visuel.
Vincent Goguey cm
0 commentaires