Un Lazariste accompagne les Gitans aux JMJ
Ils étaient dix jeunes Voyageurs (Gitans) et nous étions deux prêtres pour les accompagner aux Journées Mondiales de la Jeunesse. Coté logistique nous étions inclus au diocèse de Strasbourg puisque le rachaï (homme de Dieu) Manu est en paroisse à coté de Mulhouse. Notre pèlerinage a commencé par une messe en Alsace et veillée de prière sur le terrain de à Zilisheim chez Bambolo où nous avons été accueillis chaleureusement par plusieurs familles. C’est aussi chez eux que nous terminerons lors de notre retour par une messe d’action de grâce.
Départ de Mulhouse à 23 heures le 23 juillet pour 17 heures de bus. Celui-ci était constitué de jeunes ne se connaissant quasiment pas. Alors que la plupart des jeunes du diocèse de Strasbourg ont rejoint leur groupe, 9 jeunes du bus quelque peu interpellés par l’ambiance des Jeunes Voyageurs se sont greffés à nous.
Dans un tel rassemblement à de plusieurs centaines de milliers de jeunes, il est plus facile de se déplacer en petite groupe. Alors dans un premier temps 9 de plus ça ralentit un tout petit peu, et ça demande un peu plus de vigilance pour ne pas en perdre un en cours de route. Mais le mystère des JMJ a fonctionné pour nous. Nous avons pris le temps de nous découvrir mutuellement. Les clichés sont vite tombés et l’attachement réciproque a vite pris de l’importance. Nous avons appris à nous aimer les uns les autres tels que nous sommes. Beaucoup d’échanges, de partage, en vérité et sans détour avec beaucoup de respect. Les jeunes sédentaires ont énormément apprécié cette rencontre des jeunes Voyageurs découvrant ainsi la culture Tzigane/Manouche. Il leur est évident maintenant qu’ils auront une toute autre réaction lorsqu’ils passeront devant un camp de Gitans.
Quant aux jeunes Voyageurs, leur cœur c’est enrichie de la joie d’avoir des amis gadgé qui ont su les accueillir et les appréciés tels qu’ils sont.
Il est difficile de relater une telle expérience de vie tant les mots risquent d’être fades, vis-à-vis de ce vécu intense. Comment évoquer cette dilatation du cœur qui nous permet de nous aimer les uns les autres avec intensité ?
Bien sûr nous étions tous venus pour vivre un temps fort en Église, nous avons vécu ensemble le côté « galère » des JMJ ; longues marches, attente interminable des trains très sporadiques, la chaleur, la fatigue, l’appréhension d’être coincé dans une foule qui parfois est oppressante, mais cela ne suffit pas à décourager.
En fait ce qui nous a permis de vivre si intensément ces JMJ dans notre groupe c’est le fait de faire un chemin commun en vérité, source de Vie (le Christ se révèle être le Chemin, la Vérité et la Vie). La qualité d’écoute et d’accueil qui s’est installé entre nous a permis à chacun d’être lui-même, de ne pas être jugé. Nous avons expérimenté le fait qu’il est possible de vivre de l’amour de Dieu, que son royaume est bien réel. Nous avons vécu cette grâce de mettre en acte l’espérance de notre foi. Oui il est possible d’être différent et de vivre en harmonie.
Dans le bus du retour après un petit déjeuner sur une aire d’autoroute, Manu a proposé un temps de prière et invité chacun à venir librement exprimer au micro une perle vécue durant ces JMJ. Cela a duré deux heures trente tant les jeunes voulaient offrir leur perle qui au final constituèrent un chapelet d’action de grâce. Chaque prise de parole suscitait encore plus de joie, parfois accompagné de fou-rire ou de larmes, tellement les émotions étaient vives.
Émotions, oui, mais aussi grande prise de conscience de la beauté de la foi chrétienne avec la résolution de changer tel aspect de notre quotidien pour vraiment vivre l’intensité de l’évangile dans des actes de miséricorde.
Une des grandes leçons que nous pouvons retenir pour la dynamique de l’aumônerie des Voyageurs est le vivre ensemble entre Voyageurs et sédentaires. Oser mener des actions commune, réaliser des projets ensemble.
Cette année de la miséricorde nous invite vraiment à aller à la rencontre de la différence pour nous enrichir mutuellement et découvrir que l’autre est un frère, une sœur en Christ.
Vincent Goguey cm
Ps n’hésitez pas à lire l’autre article intitulé : Un pèlerinage particulier au sein des JMJ vécu par les Gitans.
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