Le quartier Karem El Zeitoun de Beyrouth où se trouve le dispensaire des Filles de la Charité est populaire et cosmopolite. De nombreuses familles modestes subissent de plein fouet la crise économique et sociale que traverse le pays et la perte de 90% de la valeur de livre libanaise depuis fin 2019. Les confinements du COVID-19 et l’explosion du port ont empiré encore les conditions de vie des libanais.
Alors que les salaires restent inchangés et que les prix explosent, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Les familles ne parviennent plus à payer les frais de scolarité de leurs enfants (les inscriptions dans les établissements scolaires sont passées de 60% en 2021 à 43% en 2022 selon un récent rapport de l’Unicef. Les professeurs demandent à être payés en dollar pour continuer à enseigner et à payer leurs déplacements devenus très chers avec le prix de l’essence.
Sœur Rita El Khoury raconte:
L’éducation est mise à mal dans le pays. Les lacunes dans les apprentissages s’accumulent c’est pourquoi nous avons voulu accompagner les enfants dans ces moments difficiles en leur donnant des cours de soutien.
Nous avons pour cela mis en place avec l’aide de 5 jeunes étudiants (anciens élèves de notre école semi gratuite Saint Charles accueillant les enfants de famille modestes) des séances de soutien scolaire.
Nous avions pour projet d’accueillir pour cette année 70 enfants répartis dans deux locaux un au-dessus du dispensaire et un autre dans le quartier mais le propriétaire du second nous demandait un loyer de 300 dollars par mois que nous ne pouvions évidemment honorer. Nous devons donc nous passer de cet endroit et revoir nos espérances à la baisse, en accueillant seulement une vingtaine d’enfants.
Nous avons aussi emmené les enfants en colonie d’été pour les occuper pendant les vacances scolaires tout en continuant à leur donner des cours de soutien en prévision de la rentrée.
Les bénéficiaires
La colonie a pris en charge 30 enfants âgés de 7 à 12 ans l’été dernier et devant son succès, il nous paraissait encore plus important de continuer à assurer l’étude du soir dès la rentrée. Celle-ci a commencé en octobre. 70 enfants viennent participer aux diverses activités tout au long de l’année et 25 d’entre eux bénéficient de l’étude compte tenu de leurs problèmes scolaires.
Une salariée est responsable de l’organisation aidée par une volontaire française, sœur Mary Hanna Fille de la Charité et trois jeunes étudiants libanais (les étudiants salariés se relaient en fonction de leurs horaires universitaires).
Simon, un garçon de 9 ans accueilli à l’étude nous a dit un récemment « Moi je suis venu pour étudier pas pour jouer ». C’est une tristesse de constater qu’il ressent son manque d’aisance à l’école mais nous sommes heureuses de pouvoir l’accompagner dans ses difficultés.
L’histoire d’un jeune prénommé Christ mérite aussi d’être racontée. Il éprouvait des difficultés à lire de manière fluide un texte en arabe ou en français et confondait les sons. Pour l’aider, nous avons mis en place une révision quotidienne des sons et des lettres grâce à des étiquettes mobiles ; des séances de lecture, copie et dictée de mots avec fiches de graphisme et d’écriture. Grâce à ces techniques, nous avons réussi à avancer avec Christ. Nous avons aussi constaté qu’il avait besoin d’un suivi psychomotricien, et lui avons assuré des sessions de psychomotricité et d’orthophonie à notre dispensaire.
La concrétisation de ce projet n’aurait pas été possible sans votre aide à tous.
Au nom de chaque famille de Karem El Zeitoun, nous tenons à exprimer notre reconnaissance et nos remerciements les plus sincères. Ce soutien infaillible nous permet de garder l’espérance et de continuer à mener à bien notre mission malgré le contexte difficile dans lequel nous vivons.
Toute la communauté des Filles de la Charité ainsi que les employés du CPMI se joignent à moi pour vous remercier du fond du cœur pour l’aide que vous apportez à cette jeunesse.
Soyez assurés de nos prières et que Dieu vous bénisse.
Source: Projets Rosalie
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