L’Avent d’un point de vue vincentien – 2ème partie : L’espérance dans l’Incarnation : un Dieu proche des pauvres

par | Déc 3, 2024 | Formation, La Spiritualité et la pratique spirituelle | 0 commentaires

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Le mystère de l’Incarnation est au cœur de la foi chrétienne. Nous y reconnaissons un Dieu qui ne reste pas distant, mais qui choisit de se faire proche, en prenant la condition humaine pour habiter parmi nous. L’Incarnation n’est pas seulement un concept théologique, mais une expression concrète de la solidarité de Dieu avec l’humanité, en particulier avec les pauvres et les vulnérables. Pour la spiritualité vincentienne, cette réalité prend un sens profond car elle nous appelle à voir le visage du Christ dans les pauvres et à les servir avec amour et compassion, en particulier pendant le temps de l’Avent, temps d’attente et d’espérance.

 

L’Incarnation : le geste de proximité de Dieu

L’incarnation du Christ est un acte d’amour radical. Dieu, en la personne de Jésus-Christ, entre dans l’histoire humaine non pas comme un roi puissant, mais comme un enfant né dans une humble mangeoire, au coeur de la pauvreté. Cet acte d’humilité divine exprime le désir de Dieu d’être proche des souffrants, des marginaux et de ceux qui sont souvent oubliés par la société. Saint Vincent de Paul, qui a consacré sa vie au service des pauvres, a reconnu ce lien profond entre l’Incarnation et les pauvres. Il a dit un jour : « Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages » (Saint-Vincent de Paul, XI, 40).

Cette citation souligne que le véritable amour de Dieu s’exprime dans l’action, en particulier dans le service des pauvres. Pour saint Vincent, aimer Dieu et aimer les pauvres sont inséparables, car le Christ est présent dans les pauvres. L’Incarnation n’est donc pas seulement un événement historique, mais une réalité présente qui nous invite à rencontrer le Christ dans les personnes vulnérables et à être les instruments de l’amour de Dieu pour elles.

 

L’Avent : un temps d’attente active

L’Avent est traditionnellement considéré comme un temps d’attente, mais il ne s’agit pas d’une attente passive. C’est un temps de préparation active à la venue du Christ, à la fois à sa naissance et à sa seconde venue. La perspective vincentienne renforce cette compréhension en nous rappelant que le Christ est déjà présent parmi nous en la personne des pauvres. Saint Vincent a enseigné à ses disciples que le service en faveur des pauvres n’est pas seulement une action charitable, mais une rencontre avec le Christ lui-même. Dans le célèbre film « Monsieur Vincent » (1947), saint Vincent dit quelque chose qui, bien que ne figurant pas dans ses écrits, correspond parfaitement à ses sentiments : Vous verrez que la charité est un fardeau lourd à porter, plus lourd que le bol de soupe et le panier plein. Mais vous devez garder votre douceur et votre sourire pour les pauvres. Ils sont vos maîtres.

Ces mots nous invitent à considérer l’Avent comme plus qu’un temps de réflexion spirituelle. C’est un appel à l’action pour préparer non seulement nos cœurs mais aussi nos mains à servir. C’est par ce service que nous préparons la venue du Christ car, en servant les pauvres, nous préparons une place pour le Christ dans nos vies. Le temps de l’Avent devient alors un moment de réflexion sur la manière dont nous pouvons mieux servir ceux qui sont dans le besoin, non par obligation, mais par amour pour le Christ, qui s’identifie aux pauvres.

 

Découvrir le Christ dans les pauvres

Frédéric Ozanam, un laïc inspiré par l’exemple de saint Vincent, a également reconnu l’importance de trouver le Christ dans les pauvres. Il fut l’un des cofondateurs de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, qui est encore aujourd’hui un mouvement florissant de laïcs au service des plus démunis. Ozanam pensait que les pauvres n’étaient pas seulement les bénéficiaires de notre charité, mais qu’ils étaient aussi les porteurs de la présence du Christ. Il écrivait : « Nous voyons les pauvres avec les yeux de la chair, ils sont là et nous pouvons mettre le doigt et la main dans leurs plaies et les traces de la couronne d’épines sont visibles sur leur front; et ici l’incrédulité n’a plus de place possible et nous devrions tomber à leurs pieds et leur dire avec l’Apôtre : “Tu es Dominus et Deus meus. Vous êtes nos maïtres et nous serons vos serviteurs, vous êtes pour nous les images sacrées de ce Dieu que nous ne voyons pas, et ne sachant pas l’aimer autrement, nous l’[aimerons] en vos personnes? » (Lettre à Louis Janmot, 13 novembre 1836).

Cette déclaration puissante donne vie à la réalité de l’Incarnation. Le Christ n’est pas une figure lointaine du passé, mais il est présent ici et maintenant dans la souffrance des pauvres. Rencontrer les pauvres, c’est rencontrer le Christ vivant, et c’est là le cœur de la spiritualité vincentienne. L’Avent est un temps donné pour renouveler notre adhésion à cette vérité et pour nous engager à la vivre de manière concrète. Il nous appelle à ouvrir les yeux sur la souffrance qui nous entoure et à la considérer comme une invitation à rencontrer le Christ.

 

L’espérance en l’incarnation : une source de force

L’espérance qu’apporte l’Incarnation n’est pas seulement un vague espoir d’un avenir meilleur. C’est une espérance concrète enracinée dans le fait que Dieu est à nos côtés, en particulier dans nos moments les plus sombres. Les pauvres, qui sont souvent confrontés aux réalités les plus dures de la vie, sont les témoins vivants de l’espérance de l’Incarnation. Malgré leur souffrance, ils nous rappellent que Dieu est proche, qu’il est Emmanuel, « Dieu avec nous ». Saint Vincent de Paul disait souvent que les pauvres sont nos maîtres. Ils nous enseignent la patience, l’humilité et, surtout, l’espérance.

Pendant le temps de l’Avent, nous sommes invités à contempler cette espérance et à la laisser nous transformer. L’espérance de l’Incarnation nous donne la force de continuer à travailler pour la justice, de continuer à servir ceux qui sont dans le besoin et de continuer à croire que le Royaume de Dieu fait irruption dans le monde, même si c’est de manière simple et humble. C’est une espérance qui nous soutient, en particulier lorsque les fardeaux de la vie semblent écrasants.

 

Un appel à la réflexion et à l’action

Le mystère de l’Incarnation nous invite à une relation plus profonde avec Dieu et avec les pauvres. Il nous pousse à voir le Christ dans les visages de ceux qui souffrent et à réagir avec amour et compassion. En ce temps de l’Avent, prenons le temps de réfléchir à la manière dont nous vivons cet appel dans notre vie quotidienne. Voyons-nous vraiment le Christ dans les pauvres ? Les servons-nous avec l’amour et la dignité qu’ils méritent ? Alors que nous nous préparons à Noël, rappelons-nous que le plus beau cadeau que nous puissions offrir au Christ est notre service à ceux qui sont dans le besoin.

 


Questions pour la réflexion personnelle et communautaire

    1. Comment pourrais-je être plus conscient de la présence du Christ dans les pauvres et les marginaux qui m’entourent pendant cette période de l’Avent ?
    2. De quelle manière suis-je appelé à servir les pauvres avec plus d’amour et de compassion, en les reconnaissant comme porteurs de la présence du Christ ?
    3. Comment l’espérance de l’Incarnation me fortifie-t-elle dans les moments difficiles, et comment puis-je partager cette espérance avec d’autres personnes, en particulier les plus vulnérables ?

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