La synodalité dans l’histoire de l’Église #famvin2024

par | Juil 27, 2024 | Famvin 2024, Formation | 0 commentaires

Réflexions sur les thèmes de la réunion de la Famille Vincentienne à Rome.
Périodiquement, nous vous présenterons une réflexion sur l’un des thèmes liés à la réunion de la Famille Vincentienne qui aura lieu à Rome, du 14 au 17 novembre 2024.

 

La synodalité dans l’Église catholique se réfère à un style de vie et à un fonctionnement institutionnel qui reflètent une forme de communion et de coopération au sein de la communauté ecclésiale. La synodalité s’exprime à travers des événements tels que des synodes et des conciles, qui opèrent à des niveaux local, régional et universel. Bien que la conscience de la synodalité ait récemment augmenté, elle est une caractéristique essentielle de l’Église depuis ses origines, s’adaptant et évoluant au fil de l’histoire. Cet article examine la synodalité à travers les siècles, mettant en lumière son développement et ses transformations du premier millénaire au contexte contemporain..

1. La synodalité au premier millénaire

1.1 Les premiers siècles

Aux premiers siècles du christianisme, la synodalité se manifestait par la coopération et le dialogue entre les différents niveaux de la direction ecclésiastique. À l’époque patristique (Ier au Ve siècle), des figures telles qu’Ignace d’Antioche et Cyprien de Carthage promouvaient l’idée d’une Église agissant en concert, soulignant la participation des évêques, des prêtres et de la communauté des fidèles dans les décisions. Ignace d’Antioche décrivait la communauté comme des « compagnons de voyage, » soulignant l’importance de la communion et de la collaboration. Cyprien de Carthage défendait que les décisions dans l’Église locale exigeaient le consensus à la fois de l’évêque et des prêtres, ainsi que des laïcs. Eusèbe de Césarée et Jean Chrysostome soulignaient également la nature synodale de l’Église, la considérant comme un processus de « marcher ensemble. »

1.2 La chute de l’Empire romain

La chute de l’Empire romain en 476 ap. J.-C. a conduit à une centralisation accrue de l’autorité dans le Siège de Rome, qui a commencé à assumer un rôle de leadership universel. Pendant cette période, le pape Léon le Grand a joué un rôle crucial dans la préservation de l’intégrité de l’Église en Occident. Cependant, la synodalité n’a pas disparu ; les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) ont continué de reconnaître l’autorité régionale de plusieurs sièges, le Siège de Rome et d’autres centres ecclésiastiques importants jouant des rôles prééminents.

1.3 Classification des conciles

Les conciles anciens étaient classés selon leur portée ecclésiale, y compris les conciles œcuméniques, généraux, extraterritoriaux, patriarcaux, pléniers et provinciaux. Au VIe siècle, les synodes diocésains ont commencé à gagner en importance en raison de l’expansion de l’Église dans les zones rurales. Les synodes d’Auxerre et d’Autun, en France, ont été quelques-uns des premiers exemples significatifs de cette évolution.

1.4 Expansion médiévale

Au cours de la première moitié du Moyen Âge, l’expansion du christianisme sous l’Empire carolingien a conduit à une plus grande institutionnalisation des synodes diocésains, qui comprenaient des prêtres, des abbés et des doyens. Les synodes de Ratisbonne et de Francfort, par exemple, reflétaient un système synodal qui aidait à intégrer de nouvelles communautés dans le cadre ecclésiastique et doctrinal de l’Église.

Dans la péninsule ibérique wisigothique, les conciles de Tolède (VIe au VIIIe siècle) ont joué un rôle significatif, convoqués par le roi et traitant des questions ecclésiastiques et civiles. Ces assemblées ont influencé la structure et l’autorité des conciles ultérieurs, y compris le concile Vatican II.

2. Changements dans la configuration de l’Église au second millénaire

2.1 La reconfiguration de l’Église occidentale

Au cours du second millénaire, l’Église occidentale s’est centrée autour du Siège de Rome, intensifiant l’autorité papale et créant une structure plus hiérarchique. La réforme grégorienne et l’institution du cardinalat ont joué des rôles cruciaux dans cette centralisation, augmentant le contrôle papal tout en réduisant l’autonomie de l’épiscopat et de la synodalité locale. La centralisation a été facilitée par l’héritage unificateur des papes de l’Empire romain, transformant l’Église en une entité plus hiérarchique et moins synodale par rapport au passé.

2.2 La vie synodale dans les ordres religieux et les chapitres cathédraux

Malgré la centralisation, la vie synodale persistait dans les ordres religieux et les chapitres cathédraux. Les ordres monastiques, suivant la règle de saint Benoît, maintenaient des pratiques synodales dans leurs rencontres quotidiennes. Les croisades et la montée du mouvement laïc au XIIe siècle ont également favorisé une dimension synodale dans la vie ecclésiastique, avec des confréries et des ordres pénitentiels combinant idéaux monastiques et activités pastorales.

2.3 Entre l’appréciation de la conciliarité et le risque de conciliarisme

Pendant le Grand Schisme d’Occident, des tensions ont émergé entre la papauté et les aspirations conciliaires. Conrad von Gelnhausen défendait le conciliarisme, qui proposait que le concile devrait avoir l’autorité suprême dans l’Église, plutôt que le pape. Bien que ce mouvement cherchait à résoudre le schisme, il reflétait également une tension persistante entre la centralisation papale et l’autorité conciliaire.

3. La synodalité du Concile de Trente au tournant du XXe siècle

3.1 Contexte historique et Réforme luthérienne

Le retour définitif des papes à Rome en 1420 a marqué une ère de renforcement de la papauté contre le conciliarisme. La Réforme luthérienne, commencée en 1517, a défié l’autorité papale et appelé à un retour aux anciennes traditions chrétiennes, contribuant à la tension croissante entre réformes internes et défis externes.

3.2 Le Concile de Trente (1545-1563)

Le Concile de Trente a été une réponse clé à la Réforme luthérienne, consolidant la doctrine catholique et promouvant des réformes dans l’Église. Le concile a établi la nécessité de conciles provinciaux et de synodes diocésains pour mettre en œuvre les réformes catholiques dans les différentes régions. La réforme tridentine a réaffirmé l’importance de la tradition et des sacrements, et des mécanismes de contrôle doctrinal tels que le Saint-Office et l’Index des livres interdits ont été institués.

3.3 Instruments de contrôle et réaffirmation doctrinale

Après le Concile de Trente, l’Église a mis en place diverses mesures pour garantir l’orthodoxie, y compris la réforme de la Curie, la promulgation du Catéchisme romain et la codification de la liturgie dans le Missel romain. Ces réformes étaient essentielles pour maintenir l’unité doctrinale et administrative de l’Église.

3.4 Rôle des nouveaux ordres religieux

Les nouveaux ordres religieux, tels que les Jésuites, ont joué un rôle crucial dans la diffusion de la réforme tridentine. Fondée en 1534, la Compagnie de Jésus était caractérisée par son obéissance au pape et son accent sur l’éducation et la mission, soutenant la réforme et le contrôle de l’orthodoxie.

3.5 Diminution de la vie synodale

À partir du XVIIIe siècle, la vie synodale a diminué en raison de nouvelles idées politiques et de l’interférence de l’État dans les affaires ecclésiastiques. L’influence des monarchies absolues et du gallicanisme a conduit à une centralisation accrue et à une réduction de la participation synodale aux décisions.

3.6 Influence des monarchies absolues

En Amérique latine, l’arrivée des Bourbons et la création de nouveaux vice-royaumes reflétaient la tendance à une centralisation accrue de l’Église, avec l’État contrôlant les conciles et les synodes. Cette tendance a été influencée par des penseurs comme Jacques Bossuet, qui défendait l’autorité absolue du monarque.

3.7 Le Concile Vatican I (1869-1870)

Le Concile Vatican I, convoqué par le pape Pie IX, a abordé des questions doctrinales et politiques, y compris l’infaillibilité papale. Ce concile reflétait un effort pour réaffirmer l’autorité papale en réponse aux défis de la modernité et du rationalisme.

4. La tradition de la synodalité en Amérique latine et son évolution au fil du temps

4.1 Origines et développement initial

Depuis ses origines, l’Église en Amérique latine a maintenu une tradition de synodalité, avec des décisions importantes prises en assemblées locales et régionales. Les conciles pléniers latino-américains (1899, 1939 et 1979) ont été des moments significatifs de la vie synodale, abordant des questions pertinentes pour l’Église dans cette région.

4.2 Époque coloniale et conciles pléniers

Pendant l’époque coloniale, les conciles pléniers de Lima (1551, 1567, 1583) et de Mexico (1555, 1565, 1585) ont joué un rôle crucial dans la diffusion des réformes tridentines en Amérique latine. Ces conciles ont contribué à l’adaptation des normes européennes au contexte local.

4.3 Évêques emblématiques

Des figures telles que saint Toribio de Mogrovejo, archevêque de Lima (1580-1606), ont illustré l’importance de la synodalité. Mogrovejo a convoqué plusieurs conciles et synodes pour mettre en œuvre les réformes tridentines, renforçant ainsi la vie synodale dans son diocèse.

4.4 Période postcoloniale et conciles épiscopaux

Dans la période postcoloniale, des conciles épiscopaux ont été convoqués pour aborder les défis de la nouvelle ère républicaine. Ces conciles ont souligné l’importance de l’adaptation et de la continuité de la tradition synodale dans un contexte politique et social en évolution.

4.5 Rôle de la Conférence de Medellín (1968)

La Conférence de Medellín (1968) a marqué un tournant dans la vie synodale en Amérique latine, mettant l’accent sur la justice sociale et l’option préférentielle pour les pauvres. Elle a renforcé la tradition synodale en abordant les questions sociales et pastorales contemporaines.

4.6 Évolution récente et défis actuels

Dans les dernières décennies, la tradition synodale en Amérique latine a continué d’évoluer, répondant aux nouveaux défis pastoraux et sociaux. Des synodes et des conférences épiscopales, tels que le CELAM, ont joué un rôle clé dans la vie de l’Église, soulignant la nécessité d’une participation accrue des laïcs et d’une adaptation aux réalités changeantes.

5. La synodalité aujourd’hui et son avenir dans l’Église contemporaine

5.1 Réformes du Concile Vatican II

Le Concile Vatican II (1962-1965) a redéfini la synodalité en mettant l’accent sur la collégialité épiscopale et en réaffirmant l’importance des synodes comme lieux de dialogue et de prise de décision dans l’Église. Les documents conciliaires, tels que « Lumen Gentium » et « Christus Dominus, » ont souligné la nécessité d’une collaboration accrue entre les évêques et ont ouvert la voie à une plus grande participation des laïcs.

5.2 La synodalité dans l’Église post-conciliaire

Après le Concile Vatican II, la synodalité est devenue une caractéristique centrale de la vie ecclésiale, avec un accent croissant sur la participation et la collaboration à tous les niveaux de l’Église. La mise en œuvre des réformes conciliaires a conduit à une plus grande ouverture et à un dialogue au sein de l’Église, reflétant l’esprit de marcher ensemble vers une plus grande communion et unité.

5.3 Synodes contemporains et synodalité en action

Les synodes contemporains, tels que le Synode des évêques, continuent de promouvoir la synodalité dans l’Église. Ces synodes abordent des questions pertinentes pour la vie de l’Église dans le monde moderne et encouragent la participation active des évêques, des prêtres et des laïcs dans les décisions. L’expérience des synodes récents montre un engagement renouvelé envers le mode de vie synodal, cherchant une plus grande intégration et collaboration dans la vie ecclésiale.

Conclusion

La synodalité a été une caractéristique fondamentale de l’Église catholique depuis ses origines, évoluant des premiers siècles jusqu’au contexte contemporain. Tout au long de l’histoire, la synodalité a reflété le désir de l’Église de marcher ensemble dans la foi, s’adaptant aux défis et aux besoins de chaque époque.

Résumé d’un article de Federico Tavelli, chercheur en Histoire de l’Eglise médiévale et moderne à l’Université Albert-Ludwig de Fribourg (Allemagne), publié dans « Revista Teología de la Facultad de Teología de la Pontificia Universidad Católica Argentina », volume LIX, nº 139, décembre 2022, pp. 169-191.


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