Sur la religion et le peuple
Conférences de Notre-dame de Paris, du Père Lacordaire, TOME DEUXIÈME, p. 143
Le peuple est religieux ; non pas comme ses maîtres voudraient qu’il le fût, en prenant la religion comme un frein que l’on met à un coursier indompté ; il en rougirait ! Il prend la religion comme un besoin, comme une honorable passion de sa nature, et encore que l’on cherche à déshonorer sa foi, en disant que c’est la foi du peuple, il la protège de sa pauvreté, de son travail et de sa majesté. Il se dit : Moi pauvre, moi peuple, je ne suis pas déshérité du grand, je ne suis pas déshérité du sublime. Longin, il ne connait pas le nom de Longin, mais moi je parle pour lui et je connais Longin. Longin a dit : Le sublime, c’est le son que rend une grande âme, et le peuple, … n’a pas renoncé à rendre ce son-là ; il n’a pas renoncé à la joie du sublime, et comme il ne peut pas l’être par le monde, comme le monde refuse à son intelligence et à son cœur les occasions de l’être, il se dilate d’autant plus pour proclamer le Dieu qui l’élève, qui le bénit, qui lui dit : Moi, je suis ton frère et ton égal, n’aie pas peur.
Jean-Baptiste-Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861) était un prédicateur renommé et restaurateur de l’Ordre des Prêcheurs (les Dominicains) en France. Il était un grand ami de Frédéric Ozanam (en fait, il est l’auteur d’une biographie très intéressante sur Ozanam) et très proche de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.
Image : Lacordaire, peint par Louis Janmot (1814-1892), ami de Frédéric Ozanam et l’un des premiers membres de la Société de Saint-Vincent de Paul.
*Source: R. P. H.-D. LACORDAIRE CONFÉRENCES DE NOTRE-DAME DE PARIS. TOME DEUXIÈME. Auteur : Jean Baptiste Henri Dominique Lacordaire.
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