Lettre de l’Avent 2021 de Fr. René Stockman, Supérieur Général des Frères de la Charité

par | Déc 6, 2021 | Formation, Réflexions spirituelles | 0 commentaires

As reflection on the civil year that is coming to a close and on the new liturgical year that is about to begin, Bro. René Stockman has written an Advent Letter to his Brothers, Associate Members and Collaborators in the Apostolate:

Rome, le 1er décembre 2021

Chers confrères,
Chers Membres associés,
Chers collaborateurs dans l’apostolat,

Avec le premier dimanche de l’Avent, nous sommes entrés dans une nouvelle année liturgique. C’est comme un avant-goût de la nouvelle année civile que nous entamerons dans un mois. Le temps de l’Avent est un temps d’attente. En fait, toute notre vie est une période d’attente, d’attente de quelque chose de nouveau, et lorsqu’il n’y a plus rien à attendre dans la vie, cela affecte le sens de la vie. Heureusement, en tant que croyants, nous pouvons continuer à nous réjouir de la destination finale de notre vie, qui dépassera de loin toutes les attentes. Que cela reste une lumière, aussi et surtout dans les moments les plus sombres de notre vie.

Bien sûr, nous espérons tous que la vie sociale pourra se rétablir et que nous ne serons pas confrontés à une nouvelle vague de la pandémie de covid. Nous ne pouvons nier que la pandémie pèse sur tout le monde et interfère avec nombre de nos activités normales. En même temps, nous reconnaissons les grandes souffrances que cette maladie a causées et continue de causer. La semaine dernière, j’étais à l’Assemblée générale des Supérieurs généraux à Rome, et là, un moment de prière a commémoré les nombreuses victimes de cette pandémie, et nous avons également appris combien de religieux et de collaborateurs de l’apostolat étaient morts dans le monde. Il nous a également fait réfléchir à l’énorme effort qui a été et est toujours demandé au personnel médical et infirmier pour soigner les malades, et aux efforts supplémentaires du personnel enseignant et éducatif pour accompagner les enfants et les jeunes dans ce qui est certainement des circonstances extraordinairement difficiles. C’est peut-être un moment de l’histoire où nous faisons l’expérience directe, comme jamais auparavant, du besoin de rédemption et de libération. C’est ainsi qu’au cours de cet Avent, nous pouvons faire résonner la prière « Maranatha » – « Viens Seigneur Jésus, viens » – d’une manière toute particulière, afin que la rédemption qui nous a été apportée par l’Incarnation puisse également se répéter dans la réalité concrète de notre temps. Car nous avons toujours besoin de rédemption, dans toutes les circonstances de notre vie.

Au sein de l’Église, les attentes sont élevées concernant le processus synodal auquel nous sommes tous invités. C’est comme un accord final dans le programme que le Pape François a tracé pour lui-même en tant que Pape, et dans lequel il appelle maintenant chacun à répondre, sans préjugés, à la question de savoir comment nous voulons voir et vivre l’Église aujourd’hui. Cette question s’étend également aux organes de l’Église, et nous, en tant que congrégation, pouvons et devons y répondre. La question ne doit évidemment pas être posée dans le vide, mais toujours à la lumière d’une référence claire. Pour toute l’Église, c’est l’Évangile et la Personne vivante de Jésus-Christ, dans la ligne de la tradition et ouverte aux signes des temps. Pour la congrégation, c’est aussi l’Évangile et la Personne vivante de Jésus- Christ et la manière particulière dont ce message a été traduit dans notre charisme de charité. C’est un moment dans notre propre histoire de la congrégation pour réfléchir profondément sur notre charisme et nous laisser interroger par les signes des temps. En tant que congrégation, sommes-nous encore vraiment pertinents à notre époque, remplissons-nous encore un rôle prophétique dans notre pratique de la charité, notamment auprès de ceux qui sont totalement marginalisés dans la société par la maladie, le handicap ou l’extrême pauvreté et qui ont besoin d’entendre qu’ils sont eux aussi aimés de Dieu ? Et ils peuvent recevoir cet amour à travers notre caritas, reflet de l’amour divin. En tant que congrégation, nous vivons dans le monde entier dans des contextes très différents, mais la question sera toujours de savoir si nous sommes dynamiquement fidèles à notre charisme de la caritas. Il s’agira également de savoir si nous ne nous sommes pas trop enlisés dans des structures dans lesquelles il n’y a plus de vie réelle mais qui, au contraire, ont commencé à mener une propre vie. La question d’une solidarité durable se pose également ici, car lorsque nous disons congrégation, nous ne regardons pas seulement notre propre région, mais la congrégation dans le monde entier. En même temps, c’est un moment pour se réjouir des nombreux exemples beaux et éloquents de caritas vivante dont nous avons le privilège d’être témoins dans les efforts des frères, des membres associés et des membres du personnel. Cela me rappelle les paroles de notre bien-aimé Fondateur, le Père Triest, qui exprimait comme sa mission ces trois mots : « Je dois vous donner mon exemple, mon enseignement et mon service ». Il a très consciemment donné la priorité à la fonction d’exemple. Ce sont ces exemples vivants de caritas intégrale qui peuvent continuer à nous inspirer aujourd’hui pour aller nous-mêmes un peu plus loin, pour vivre et concrétiser le « davantage » de saint Vincent de Paul. Merci, chers confrères, membres associés et collaborateurs pour les exemples stimulants de caritas que vous nous donnez !

La semaine dernière, j’ai assisté à une cérémonie de commémoration de saint Jean Berchmans, mort à Rome il y a tout juste 400 ans, et dont la tombe se trouve dans l’église St Ignace des Jésuites. Que pouvons-nous attendre d’un jeune homme qui est mort à l’âge de 22 ans et qui a été béatifié et canonisé après 200 ans et qui a vécu à une époque et dans une culture totalement différentes ? Que pouvons-nous apprendre de sa quête de sainteté, qui a imprégné toute sa courte vie ? Jean Berchmans n’est pas inconnu dans la congrégation, car en tant que Flamand, il est le patron des jeunes étudiants et, dans nos instituts, des départements portent son nom. Sa vie et son combat pour la sainteté peuvent être résumés en un court slogan : « Réaliser l’ordinaire de chaque jour de manière extraordinaire ». En fait, il s’agit d’accepter tout ce que nous vivons chaque jour comme une invitation à y voir la volonté de Dieu et à suivre cette volonté dans la joie. Car Jean Berchmans a reçu le surnom de « frère hilaris » dans sa communauté, le frère joyeux et même drôle. Lorsque nous lisons sa biographie, nous rencontrons de nombreux éléments liés à l’époque, mais l’attitude fondamentale qu’il a vécue et rayonnée transcende le temps et la culture. Nous reconnaissons également la spiritualité de Thérèse de Lisieux qui, à sa manière, voyait dans chaque moment, chaque événement et chaque rencontre une invitation à sanctifier sa vie. Il est frappant de constater que ces deux saints sont morts très jeunes et n’ont pas eu d’expériences mystiques particulières au cours de leur vie, mais qu’ils ont découvert que la sainteté est pour tout le monde, et que le chemin qui y mène se trouve dans la vie quotidienne, dans la terrible réalité de chaque jour, comme quelqu’un l’a appelé. Le philosophe Levinas complètera en disant que chaque jour nous sommes appelés à accomplir de petits actes de bonté. Cela me ramène à l’époque dans laquelle nous vivons, dont nous ne savons pas comment elle va évoluer. Mais ce que nous avons entre les mains, c’est chaque jour qui nous est donné, où nous sommes invités à accomplir de petits actes de bonté et à construire ainsi notre chemin de sainteté dans la joie et l’allégresse. Devenons tous un peu « hilares », pour nous-mêmes et pour les autres !

Chers amis, au seuil de la nouvelle année, je vous souhaite courage et confiance. Le courage d’affronter les hauts et les bas quotidiens auxquels nous sommes confrontés comme des défis, et de ne pas les laisser nous submerger ou nous décourager. La certitude que nous ne sommes pas seuls. N’est-ce pas la force d’une communauté religieuse que de savoir que nous pouvons nous tourner les uns vers les autres pour partager nos joies et nos peines ? Puisse-t-il en être de même dans les familles et les communautés de travail. Mais en tant que croyants, nous pouvons aussi et surtout puiser notre confiance dans la conviction que nous sommes portés par Dieu et que nous pouvons toujours nous tourner vers Lui. Il ne nous laisse jamais tomber, même si nous sommes parfois abandonnés par des personnes et déçus par d’autres. Développons donc cette culture de la prière, individuellement et en communauté, dans laquelle l’espace peut grandir pour entrer dans une véritable relation d’amitié avec le Seigneur. Et nous savons que nous pouvons toujours nous tourner vers nos amis, dans les bons et les mauvais jours.

Je vous souhaite à tous un Avent béni, un Noël béni et une nouvelle année paisible.

Fr. René Stockman
Supérieur général
Frères de la Charité.
Source : https://brothersofcharity.org/

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