Un saint de Wuhan en Pologne

Annie Josse et Krzysztof Zielenda, O.M.I.
30 avril, 2020

Un saint de Wuhan en Pologne

par | Avr 30, 2020 | Actualités | 0 commentaires

Le site « Mission Universelle » du Service National de la Mission Universelle de l’Eglise, un service de la  Conférence des Évêques de France, a publié le 27 avril un article sur Saint Jean Gabriel Perboyre. Après avoir reçu l’accord de le publier, notre site vous partage cet article. Bonne lecture.

Dans la basilique de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie et de Saint Nicolas à Bolesławiec en Pologne, on a fait une découverte extraordinaire : une relique de saint Jean-Gabriel Perboyre (1802-1840), missionnaire français de la Congrégation de la Mission, envoyé en Chine en 1835 et martyrisé à Wuhan.

En octobre 2019, quelques jours avant la Toussaint, j’ouvre le coffre-fort qui contient les reliques. Nous avions en effet décidé de les exposer lors de la fête. J’y trouve un reliquaire en forme de croix que je ne parvenais pas à identifier – dit l’abbé Damian Konieczny, vicaire de la basilique.

Ce reliquaire allemand de 1917 fabriqué à Cologne portait une plaque dont l’inscription était illisible. Je l’ai prise en photo pour l’agrandir et j’ai pu lire – Perboyre. J’ai donc commencé à faire une recherche au sujet de ce religieux de la Congrégation de la Mission (Lazaristes), mort à Wuhan en Chine, ville dont le nom ne me disait absolument rien à ce moment-là.

Au début du confinement, je me rappelais seulement que le p. Perboyre était un martyr de Chine. C’est en reprenant ma recherche que j’ai appris qu’il avait été attaché à une croix de bois et achevé par strangulation à Wuhan en 1840. C’était une découverte bouleversante car les médias du monde entier ne parlaient à ce moment-là que de Wuhan !

Nous avons décidé avec le P. Andrzej Jarosiewicz, curé de la paroisse, d’exposer cette relique et de prier chaque jour par l’intercession du p. Jean-Gabriel Perboyre. Nous lui confions tous les malades du coronavirus, cette maladie dont l’un des symptômes est une difficulté respiratoire. Si la pandémie s’arrête, le 11 septembre, le jour où la liturgie fête sa mémoire, nous allons organiser dans la basilique une prière solennelle pour remercier Dieu pour un tel saint patron.

Nous avons placé le reliquaire dans l’autel principal de la basilique. On peut maintenant voir et vénérer la relique en ce lieu – poursuit le P. Damian. Chaque soir, à 20h30, nous prions devant la relique. Cette prière est retransmise sur le compte Facebook de la paroisse. De nombreuses personnes y participent. Nous recevons de toute la Pologne des intentions de prière et nous sommes également suivis dans des pays comme l’Italie, l’Espagne, la Suisse, et même l’Australie, conclut le P. Damian.

Jean-Gabriel Perboyre est né le 6 janvier 1802 dans une ferme du Puech, sur la commune de Montgesty dans le Lot. Arrivé au séminaire pour accompagner son frère cadet – il était l’aîné de huit enfants – pendant quelques mois, le temps que celui-ci s’acclimate à la vie de pensionnaire, il découvre lui-même qu’il est appelé à devenir prêtre et entrera comme son frère Louis dans la Congrégation de la Mission, dont fait déjà partie un de ses oncles. Ordonné prêtre en 1826, il est d’abord chargé de la formation des novices. Le désir de la mission ne l’avait pas quitté et il revient en force après la mort de son frère Louis pendant le voyage qui devait le conduire à sa mission en Chine. Jean-Gabriel est finalement envoyé lui aussi en Chine et il arrive en 1836 dans la première des deux missions où il séjournera. « Je ne sais pas ce qui m’attend pour le chemin qui s’ouvre devant moi : sans aucun doute la croix, qui est le pain quotidien du missionnaire. Que pouvons-nous espérer de meilleur, aller prêcher un Dieu crucifié ? » écrivait-il dans l’une de ses lettres de Chine.

Arrêté en septembre 1839 après avoir été dénoncé par un catéchumène contre la somme de 30 taëls, il va de procès en procès, de vexation en humiliation, de torture en condamnation. Il est exécuté dans un quartier de Wuhan le 11 septembre 1840, par écartèlement sur une croix et strangulation.

Canonisé en 1996 par le pape Jean-Paul II, il repose aujourd’hui à Paris, dans la chapelle de la maison-mère des Lazaristes, rue de Sèvres.

Y-a-t-il un lien entre Bolesławiec, Wuhan et Cahors ? Ce lien est fait par Jean-Gabriel Perboyre. Les chrétiens de ces trois villes invoquent son intercession en ce temps de pandémie. Ils sont en union de prière, même s’ils l’ignorent peut-être. C’est un bel accomplissement de la mission entreprise par Jean-Gabriel qui voulait que le Christ soit connu par tous. Le 11 septembre, le jour de la fête du saint martyr, de cette union de prière naîtra peut-être une vraie communion de cœur. Dieu pourvoira, si cela lui plaît.

Prière composée par le P. Andrzej Jarosiewicz, curé de la basilique de Bolesławiec :

Saint Jean-Gabriel Perboyre, prêtre et martyr, daigne exaucer la prière de l’Église que tu as servie toute ta vie.

Nous te demandons la grâce de nous préserver de la pandémie du coronavirus qui ravage l’humanité
et qui a pris sa source dans les lieux sanctifiés par ta mission et ta mort en martyr.

Par amour envers l’Église-Famille, nous te demandons la guérison pour tous les malades, la force et la patience pour le personnel soignant,
la lumière de l’Esprit Saint pour ceux qui gouvernent et cherchent à enrayer la pandémie, la paix du cœur pour ceux qui désespèrent.

Obtiens, pour ceux qui ont quitté ce monde des suites de la pandémie, la grâce du bonheur sans fin et console leurs familles par l’espérance de la vie éternelle.

Que l’offrande de ton martyre par strangulation sur la terre chinoise nous obtienne de Dieu la grâce d’être libérés de la pandémie qui sème la mort,
la peur et l’incertitude dans le monde d’aujourd’hui.

En communion avec toi et l’Église que tu as aimée jusqu’au bout à l’exemple du Sauveur, nous invoquons l’intercession de la Mère de l’Église montée au ciel, en disant :
Sous ta protection nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu.
Ne repousse pas nos demandes dans nos besoins, mais délivre-nous toujours de tous les dangers, ô Vierge glorieuse et bénie.

Annie Josse et Krzysztof Zielenda, O.M.I.
Avril 2020

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