En plus des qualités manifestes d’un Vincentien, telles que le détachement, l’esprit désintéressé et le désir de construire un monde meilleur, nous devons aussi ajouter la résilience, un terme difficile à comprendre mais qui en dit beaucoup. Le mot, largement utilisé dans les sciences exactes – et en particulier en physique – désigne la capacité de certains matériaux à accumuler de l’énergie lorsqu’on leur applique une pression ou sous l’effet d’un choc, et à retourner à leur état original sans subir aucune déformation.
Le mot résilience vient du latin «resilio», qui signifie retourner à l’état naturel. Le concept de résilience en sciences humaines est la capacité d’un individu à se comporter sainement dans un environnement malsain[1] ; en d’autres mots, la capacité d’un individu à surmonter et à faire face à l’adversité. Autrement dit, c’est la capacité de faire face adéquatement aux défis et aux pressions.
Dans le monde des affaires et des ressources humaines, la résilience est la capacité de faire preuve de souplesse et de résilience, tout en sachant comment surmonter les obstacles et continuer avec la même vigueur et volonté. Une comparaison intéressante est celle de l’élasticité, similaire à celle de la perche utilisée dans l’épreuve d’athlétisme du saut à la perche: elle se plie à sa limite sans qu’elle ne casse, elle transforme la vitesse en hauteur.
Le Vincentien est, par nature, résilient. Il subit les souffrances de la vie, en particulier les revers des familles aidées qui sont réticentes à l’idée d’être assistées. Une personne qui accepte les choses telles qu’elles sont, en essayant de voir leur côté positif et la façon de tirer le meilleur parti des diverses situations est aussi résiliente. Celui qui pardonne toujours, qui fait toujours confiance et qui donne toujours une seconde chance est aussi résilient: à son avis, il y a encore une marge d’amélioration pour corriger les situations difficiles. Son contraire est donc la personne pessimiste et la personne pragmatique.
Tous les membres des Conférences Vincentiennes et des centaines de branches de la Famille Vincentienne sont résilients, car ils ont la capacité d’endurer les vicissitudes sans perdre ni l’espoir ni les idéaux (parfois romantiques) qui guident leur manière de voir le monde et d’agir en faveur de leur prochain. La personne résiliente n’est pas déçue par les gens, ne juge pas, ne porte pas de jugements de valeur et ne met pas d’étiquettes. La personne résiliente sait comment être équilibré et concentrer ses actions sur ce qui est juste et vertueux.
Le Vincentien est résilient par nature; c’est pour cela que sa « flamme intérieure » ne s’éteint jamais, même au milieu des plus grandes déceptions et désillusions, que ce soit avec les personnes ou les institutions. Le Vincentien ne se rend jamais, il trouve toujours des solutions aux problèmes dans les Conférences, avec les assistés, dans les Conseils et dans toute autre situation à laquelle la Société de Saint-Vincent-de-Paul participe
Cette compétence à résoudre les problèmes finit aussi par infecter les familles défavorisées qui sont poussées à grandir dans la vie aux dépens de leurs propres efforts. Le Vincentien résilient cherche, par empathie, à vivre les souffrances des personnes démunies comme si elles étaient les siennes. Horace[2], le grand penseur italien, disait que « L’adversité a pour effet de susciter des talents qui, en des circonstances plus favorables, n’auraient pas éclos »[3].
C’est pour cette raison, chers Vincentiens, que nous devons utiliser toujours notre capacité de résilience en faveur des plus défavorisés.
Renato Lima de Oliveira
16º Président Général de la Société de Saint-Vincent-de-Paul
[1] Rutter, M. Developing Minds: Challenge and Continuity across the Life Span. Le Royaume-Uni: Penguin Books, 1992.
[2] Quintus Horatius Flaccus (65 av. J.-C – 8 av. J.-C.), le principal poète lyrique en latin.
[3] Horatius. Odes: Livre II, ode X.
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