Les êtres humains ont naturellement tendance à chercher le sens de leur vie dans le confort, la stabilité et le contrôle. Cependant, ce sont les épreuves les plus difficiles qui mettent à l’épreuve l’authenticité de notre foi et révèlent jusqu’à quel point nous avons appris à faire confiance à Dieu. Lorsque nous nous trouvons dans des situations de souffrance extrême, lorsque tout semble perdu et que nous nous sentons complètement abandonnés, la question jaillit : où est Dieu ?

Tout au long de l’histoire, beaucoup ont fait l’expérience d’un profond sentiment d’impuissance au cœur de l’adversité, mais ils ont aussi découvert que c’est précisément dans ces moments-là que Dieu est le plus présent. Bien qu’au premier abord la souffrance semble contraire à la volonté d’un Dieu d’amour, nous trouvons le même témoignage dans la vie de nombreux saints et croyants : dans l’obscurité des épreuves, l’âme peut fleurir d’une beauté inconnue.

Saint Vincent de Paul, un homme qui a consacré sa vie aux pauvres et aux abandonnés, a vécu une expérience de transformation spirituelle qui l’a amené à cultiver en lui un jardin avec cinq magnifiques fleurs : la simplicité, l’humilité, la douceur, la mortification et le zèle pour le salut des âmes. Ces cinq vertus, qu’il appelait lui-même « les cinq pierres les plus pures », ne sont pas nées du confort ou du succès, mais d’une rencontre avec le Christ au milieu de la lutte et du don de soi quotidiens.

Cinq fleurs dans le jardin de l’âme

Chacune de ces vertus peut nous aider à comprendre le sens de la souffrance et comment nous pouvons transformer nos épreuves en un chemin vers Dieu.

• La simplicité nous invite à vivre en vérité, sans masques ni doubles intentions, en nous présentant devant Dieu et les autres tels que nous sommes. Dans les moments d’épreuve, la simplicité nous aide à ne pas nous compliquer la vie avec des explications ou des justifications inutiles et nous rappelle que Dieu nous aime tels que nous sommes.
• L’humilité nous enseigne que nous ne sommes pas tout-puissants ni autosuffisants. Dans l’adversité, nous découvrons nos limites et comprenons que c’est en Dieu seul que nous trouvons la vraie force. Apprendre à dépendre de Lui est un acte d’humilité profonde.
• La douceur nous aide à affronter les difficultés sans ressentiment ni violence intérieure. Quand nous souffrons, il est facile de se laisser envahir par l’amertume ou le désespoir, mais la douceur nous permet d’accepter la volonté de Dieu avec confiance et paix.
• La mortification nous invite à nous détacher de ce qui nous lie à ce monde de manière désordonnée. Dans les moments difficiles, nous sommes appelés à renoncer au superficiel et à centrer notre vie sur l’essentiel : notre relation avec Dieu et notre amour pour les autres.
• Le zèle pour le salut des âmes nous pousse à ne pas rester enfermés dans notre propre douleur, mais à transformer notre souffrance en un témoignage vivant de foi et de don de soi.

Ces cinq vertus sont les outils qui nous permettent d’affronter n’importe quelle épreuve, car elles transforment la douleur en un chemin de croissance spirituelle.

Du désespoir à l’expérience mystique

Le désespoir est une véritable tentation lorsque nous sommes confrontés à la souffrance. Cependant, si nous ouvrons notre cœur à Dieu, nous pouvons vivre une transformation intérieure qui nous amène à découvrir Sa présence au milieu des épreuves. Comme l’ont exprimé certains croyants qui ont traversé des situations extrêmes, il y a un moment où la foi cesse d’être de simples mots et devient une expérience réelle et vivante.

Jésus ne nous a pas promis une vie sans souffrance, mais il nous a assuré qu’il serait avec nous jusqu’à la fin du monde. Dans l’adversité, Sa voix se fait entendre au plus profond de notre cœur, nous guidant sur un chemin de lumière. Dans la prière, dans la communion avec les autres, dans la contemplation de la création, nous pouvons découvrir que Dieu est là, qu’il nous parle et nous soutient.

Le Carême : un temps pour s’épanouir

Le Carême est un moment privilégié pour réfléchir au sens de notre vie et à notre relation avec Dieu. Nous sommes invités à revoir nos priorités, à nous débarrasser de ce qui nous éloigne de Lui et à renforcer notre esprit pour affronter les épreuves avec foi.

Cette période nous met au défi de nous demander : Quelles sont les cinq fleurs qui fleurissent dans mon jardin intérieur ? Est-ce que je cultive la simplicité, l’humilité, la douceur, la mortification et le zèle pour le salut des âmes ? Suis-je prêt à laisser Dieu transformer ma souffrance en une expérience de rencontre avec Lui ?

Dieu nous appelle à passer de la désolation à la vie, à permettre à notre jardin intérieur de s’épanouir même au milieu des épreuves. Puissions-nous nous ouvrir à sa grâce en ce Carême, afin qu’à l’arrivée de Pâques, nous puissions ressusciter avec le Christ et voir comment les plus belles fleurs jamais imaginées sont nées dans notre cœur.

Prière

Seigneur,
Toi qui ne nous abandonnes jamais,
apprends-nous à avoir confiance en ta présence,
à découvrir la beauté au milieu de l’épreuve,
et à cultiver dans nos cœurs les fleurs
qui nous rapprochent de toi.

Fais que, même dans la souffrance,
nous puissions connaître la paix que toi seul peux donner,
et que notre foi se renforce pour apporter la lumière
à ceux qui traversent des moments difficiles.

Amen.

Lire la Lettre de Carême 2025 du Père Tomaž Mavrič, c.m., à la Famille Vincentienne :

Lettre de Carême 2025 du Père Tomaž Mavrič, c.m., à la Famille Vincentienne