Entretien avec le P. Tomaž Mavrič, CM, tenue en 2013

par | Juil 14, 2016 | Congrégation de la Mission, Formation | 0 commentaires

Dans Vincentiana,  n °4 année 2013, est apparu un entretien avec P. Tomaz Mavric, CM, Visiteur de la Vice-Province des saints Cyrille et Méthode,  élu la semaine dernière Supérieur Général de la Congrégation de la Mission . Pour votre intérêt que nous reproduisons ci-dessous:

Entrevista Mavric

Notes de l’éditeur : (John Maher, C.M. Éditeur, Vincentiana):

Vincentiana accueille le révérend père Thomas Mavric CM, visiteur de la province de Saint Cyril et Méthode. Né en Argentine de parents émigrés slovène au moment ou la Slovénie (alors faisant partie de la Yougoslavie), était devenu communiste après la seconde guerre mondiale. Le père Thomas a servi comme ministre ordonné en dehors de sa terre natale comme missionnaire au Canada et en Russie. Il a été élu visiteur de la vice province en 2002 et renouvelé en 2012. Il a accepté récemment de se confier à nous.

Parlez-nous de vos racines, de la vie de votre famille, l’école et comment vous avez rejoint la Congrégation de la mission.

Je suis né à Buenos Aires, en Argentine en 1959, dans une famille de cinq enfants. Mes parents sont partis de la Slovénie à cause de la répression des droits religieux et civils quand Tito était installé à la fin de la seconde guerre mondiale. Après leurs départs de la Slovénie, ils ont d’abord trouvé refuge dans un camp en Autriche, avant que l’Argentine n’accepte de donner le droit d’asile aux slovènes. Même si j’ai grandi en Argentine et que j’ai appris l’espagnol à l’école, nous avions une forte communauté slovène qui a su garder vivante notre héritage ethnique. Il y avait un espace, juste à la sortie de Buenos Aires appelé « Village Slovène ». Là, les confrères tenait une paroisse et un internat et c’est là que j’ai fait mes études ; c’est ainsi que je suis entré dans la Congrégation.

Après mon diplôme, j’ai décidé d’entrer dans la Congrégation comme membre de la province slovène. J’ai fait ma formation à Ljubljana, ou j’ai étudié la théologie et la philosophie, pour ensuite faire le noviciat à Belgrade. J’ai été ordonné prêtre en 1983 à Ljubljana. Mes parents y ont participés, et depuis lors je ne les ai plus revue depuis de nombreuses années. Ce fut vraiment une occasion heureuse. C’était la première fois que mon père retournait dans sa terre natale depuis trois décennies. Ma mère et mon frère, eux, sont venus me visiter une fois quelques années avant mon ordination. C’était un moment plein d’émotion pour nous tous.

Ou avez-vous servi dans votre ministère comme vincentien ?

J’avais demandé d’aller en mission, spécialement à Madagascar. Je fus d’abord placé dans notre paroisse à Toronto, Ontario au Canada, lieu qui, comme l’Argentine, avait accueilli un nombre considérable d’immigrés slovènes. Notre Dame de la médaille miraculeuse était une paroisse très grande et active. Cela a été une bonne expérience pastorale et communautaire. J’y ai servi pendant 10 ans ; de 1984-1994. En 1994, on m’a envoyé en Slovénie ou j’ai servi pendant trois années consécutives. Le pays était un peu différent. Tito, le dictateur communiste, était mort. La Yougoslavie du passé s’était divisée en des états indépendants. Ce fut un grand moment de bouleversement avec le recouvrement des libertés que nous n’avions plus connus pendant des générations. C’était émouvant, mais malgré cela il y avait beaucoup d’instabilités dans la région, car les conflits religieux et ethniques d’entant avaient ressurgit. J’ai servie dans une paroisse et me suis occupé des jeunes et des vocations.

En 1997 j’ai vu exhaussé mon souhait pour la mission. Le Supérieur Général, le P. Robert Maloney a demandé des volontaires pour commencer la mission en Russie à Niznij Tagil, en territoire éloigné dans les monts Ural, territoire connu pour ces nombreuses prisons appelées « Goulags ». La plupart des gens qui y étaient furent envoyés par Staline. Ils étaient classés comme ennemies d’Etat à vie, même si à dire vrai, ils n’avaient rien fait d’illégal.

J’y suis arrivé avec un confrère polonais. Je ne parlais pas le polonais et lui ne connaissait aucun mot de slovène. Mais malgré cela nous avons essayé de communiquer et avons appris à vivre ensemble comme des frères et comme collaborateurs. Notre église paroissiale était très petite. C’était une nouvelle expérience. La plupart des gens n’avait jamais entendus parler de Vatican II ainsi que des changements qu’il a apporté à l’Eglise et au monde, cela à cause de leurs isolement par rapport aux autres parties du monde. Ils ont été dans un état de survie pendant si longtemps qu’ils se fiaient à la foi et aux dévotions de leurs jeunesses qui étaient héroïque. C’était émouvant d’entendre comment ils ont survécus si longtemps comme communauté, se rencontrant pour prier en petits groupes dans des maisons, les jardins et les cimetières. Une vieille femme (son nom est Lydia et elle est encore en vie) faisait souvent un long voyage en train pour rencontrer en secret un prêtre qui l’approvisionnait en hosties consacrés à rapporter pour la communion pendant la prière commune. Elle était (et continue encore à être) une inspiration pour moi.

Après un temps, nous étions capables de croitre comme une vraie communauté paroissiale, dépassant beaucoup de peurs de l’appréhension de la part de la population. Ils étaient évidement affecté par ce qu’ils avaient vécu. En plus, l’Eglise Catholique était vue de mauvais œil par le gouvernement régional et la population locale. Notre Eglise paroissiale était un préfabriqué construit en Allemagne et envoyé par un grand camion. Le chauffeur qui l’avait livrée raconte qu’en passant par la Russie, quelques bandits les avaient arrêtés avec l’intention de voler la maison préfabriquée mais quand ils avaient reconnu que c’était une Eglise ils se sont ravisés. Ils se sont dit que ce serrait s’attirer une malédiction que de voler une Eglise. Ils ont ainsi laissé le chauffeur continuer sa route. L’Eglise a été assemblée et consacrée le 13 mai, à la fête de Notre Dame de Fatima, qui a donné le nom à la paroisse.

En 2001, j’ai quitté notre mission de Russie et je me suis rendu en Irlande pour faire quelques cours de développement humain, ce qui a été une très bonne expérience personnelle. En 2002 j’ai accompagné nos novices pendant que notre province s’était déjà jointe au noviciat de la province slovaque à Binska Bistrica, Slovaquie. En 2003 j’ai dû subir une opération chirurgicale pour le remplacement de mon genou ; et je suis rentré en Slovénie. En 2004, j’ai été dans la maison de Kiev, maison que nous avions baptisée : « Don de Dieu » par le fait que le Père Paul ROCHE, avec l’assistance de la Providence, a trouvé des généreux donateurs pour financer l’achat de terre et la construction de la maison provinciale). En 2009, je suis devenu visiteur pour ensuite être réélu en 2012.

Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté entant que visiteur de la vice province de saint Cyril et Méthode ?

Les défis sont multiples, mais j’ai confiance en nos confrères et en la Providence Divine. Notre Dame de la Médaille Miraculeuse et Saint Vincent marchent devant nous. Je pourrai dire que mon souhait le plus brulant est que nous puissions apprendre à connaitre Jésus Christ et Saint Vincent de manière plus intense. Et dans notre travail, de présenter saint Vincent comme un vrai « Mystique de la Charité ». (le P. Hugh O’Donnell a employé ce terme dans la rencontre annuelle de la vice province).

Dans mon premier mandat, je me suis fixé quelques objectifs comme : renforcer notre présence dans les ministères actuels, assurer que chaque communauté locale ait un contact direct avec le pauvre ; aider nos confrères à étendre notre charisme dans cette partie du monde ; organiser et faire grandir la présence de la famille vincentienne ici ; assurer la stabilité et la croissance de notre système de formation pour attirer les vocations locales. De toute façon nous vivons dans un lieu où les catholiques représentent un petit pourcentage et les réalités sociales et religieuses rendent le ministère paroissial et le travail pastoral très éprouvants. Mais comme tous nos confrères, je crois que nous avons une grande contribution à donner comme vincentiens.

Dans notre second mandat comme visiteur, (qui a commencé l’année dernière), nous envisageons de continuer à renforcer les ministères actuels entre autres, le projet d’un lieu d’hébergement vincentien, le ministère catholique pour les étudiants étrangers, l’équipe de missions paroissiales et développer quelques nouveaux projets. Nous pensons aussi à développer un Centre de Spiritualité Vincentienne dans la cité de Sniatyn où se trouve la tombe de la bienheureuse S. Martha Wiecka, fille de la Charité, d’avoir des programmes pour les pèlerins, nos apostolats, ainsi que la famille vincentienne. Je voudrais aussi voir, même après plusieurs année de marche, renforcé notre présence en Russie, que nous l’appelons : « une mission dans la mission ». En effet, la réalisation de cela implique de se confronter avec des facteurs civils et religieux compliqués ne dépendant pas de nous, mais je continue à le dire, essayons pour voir ! Je voudrais aussi faire « grandir » les racines de notre Famille Vincentienne afin d’ériger une communauté, engager dans la formation permanente, et approfondir les liens de foi et de service.

Présentement nous avons dix branches de la famille vincentienne dans les frontières de la vice province (qui inclue l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie). Une branche qui est en pleine croissance aujourd’hui est l’Association de la Médaille Miraculeuse. Ici en Ukraine, nous avons plus de 2.500 membres enregistrés. A travers l’intercession de Marie, nous rassemblons de jeunes gens, familles et de nouveaux membres de l’Eglise dans l’association, qui, comme vous le savez, promeut des initiatives de dévotion et de service aux pauvres dans la ligne de notre charisme vincentien. Plusieurs de nos membres de l’AMM témoignent personnellement de la puissance de la médaille miraculeuse dans leurs vies. Je ne constate que de bonnes choses pour la croissance de l’AMM dans la Vice Province, et je crois que l’intercession de Marie sera essentielle pour les ministères à venir, spécialement en Russie. Une dernière chose mais pas la finale, nous devons nous ouvrir à des « nouvelles voies » pour atteindre et servir les pauvres.

Y a-t-il un grand défi pour le futur qui te concerne ?

En effet un défi permanent et pratique est celui auquel tous les visiteurs doivent se confronter : les finances. Comme jeune vice province avec un petit nombre de catholique dont la plupart vit dans la pauvreté, nos ressources sont maigres. Ainsi nous devons dépendre de l’assistance financière de ma curie, des dons des autres provinces et des particuliers. Ce qui rend la création d’un « fond patrimonial» très essentiel pour le futur. Nous devons avoir une base financière stable pour financer les nos travaux, commencer des nouveaux ministères, et pourvoir à la formation de nos séminaristes. Nous ne pouvons pas vivre « la mains dans la bouche » financièrement chaque année si nous voulons nous stabiliser et croitre dans le futur. Ainsi nous sommes toujours entrain de chercher des nouveaux moyens pour augmenter nos revenus, incluant des demandes aux organismes à travers la VSO ; etc.

En termes de confrères, quel est la composition de la vice province à ce jour ?

Actuellement le nombre de confrères est de 24, dont la plupart vient de l’Ukraine, lieux ou se trouve le plus gros de nos travaux. Beaucoup de vocation nous viennent de l’est de l’Ukraine appelé la « Transcarpatie ». Elle fait frontière avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, et a été sous domination de plusieurs empires et nations, y compris l’Autriche-Hongrie et l’Union Soviétique. Dans cette partie de l’Ukraine, nous avons une maison communautaire, qui fait office de maison de mission (à Perechyn) avec six paroisses.

A ce jour nous avons six jeunes en formation : trois qui viennent d’être ordonnés diacres, deux au noviciat, et un en théologie. L’âge moyen des confrères ici est de 44 ans, ce qui est formidable pour nous, du fait que cela donne une vitalité pour assurer la présence de l’Eglise et de la Congrégation dans cette partie du monde. La plupart de nos confrères se trouve dans la pastoral et dans les paroisses, mais nous avons des confrères qui sont engagés premièrement dans un autre ministère, tel que la formation, l’équipe de mission paroissiales, l’enseignement au séminaire et la direction du service des pauvres. Il est donc essentiel que puissions donner une excellente formation initiale et continue pour conserver constamment la profondeur de notre vie spirituelle, et continuer ainsi à faire grandir notre vocation vincentienne.

Comment pourrais-tu décrire l’état de l’Eglise en Ukraine ?

Historiquement, la population catholique de l’Ukraine n’a jamais été grande, là ou l’Eglise orthodoxe est plus grande. Ce facteur, ajouté à l’ère Staline et à l’occupation soviétique de l’Ukraine à été pour beaucoup dans la réalité de l’Eglise comme une petite minorité. Même si l’Eglise ici est petite, le clergé diocésain, homme ou femme, les congrégations religieuses, ensemble avec le laïcat, sont entrain de travailler main dans la main pour créer des communautés vivantes et accueillantes dans des paroisses, aussi bien que dans d’autres ministères et services des pauvres. En ce qui concerne les facteurs externes de la vie ministérielle ici, nous constatons que si cela varie d’un lieu à l’autre, finalement nous avons plus de liberté de mouvement en Ukraine que dans d’autres endroits.

A la fin, ou voudriez-vous voir arriver la vice province dans cinq ans ?

C’est sur que années dépasseront mon mandat comme Visiteur. La Providence Divine nous guidera. Je crois que l’intercession de Notre Dame de la Médaille Miraculeuse et saint Vincent vont faire de grande chose pour notre vice province et pour la famille vincentienne ». J’aurai voulu voir le nombre de vocation croitre et non s’arrêter. Je voudrais que nous puissions continuer à observer des nouveau signes de temps qui dans la « nouvelles évangélisation » et étend nos travaux pour et avec les pauvres.

Je voudrais que nous puissions chercher, individuellement et comme province, des réponses à la question de savoir ce que cela signifie d’être « des mystiques de la charité » et d’avancer vers cet objectif.

 

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